KosovoLa pression s’accroît sur le gouvernement
Jeudi, plusieurs pays appelaient le gouvernement à calmer le jeu au Kosovo, alors qu’un regain de tensions a déjà fait des dizaines de blessés.
![Des militaires de la KFOR ont aussi pris position, jeudi, sur plusieurs axes menant vers le centre-ville de Zvecan, au Kosovo. Des militaires de la KFOR ont aussi pris position, jeudi, sur plusieurs axes menant vers le centre-ville de Zvecan, au Kosovo.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/02/e3ff07a0-6b77-48cf-ac8a-736e95e9ff3c.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=28a85b9099e216324509fe35ff1eeb92)
Des militaires de la KFOR ont aussi pris position, jeudi, sur plusieurs axes menant vers le centre-ville de Zvecan, au Kosovo.
AFPDes manifestants serbes poursuivaient jeudi leur résistance à l’intronisation de maires albanais dans le nord du Kosovo, théâtre de récents affrontements avec la force de l’OTAN, au moment où la pression internationale s’accroît sur le gouvernement de Pristina en vue d’une désescalade des tensions.
De son côté, la police kosovare a appelé des Albanais à ne pas participer à une manifestation qui a brièvement rassemblé en milieu de journée plusieurs centaines de personnes dans la partie sud, majoritairement albanaise, de la ville divisée de Mitrovica.
Les manifestants, essentiellement des jeunes, qui ont répondu à des appels lancés sur les réseaux sociaux, ont protesté pendant moins d’une heure près d’un pont enjambant la rivière Ibar, qui sépare les deux parties de la ville. Ils ont agité des drapeaux albanais et scandé «Mitrovica ne peut pas être divisée», a rapporté une journaliste de l’AFP. Ils avaient prévu de se rendre dans la partie nord de la ville, majoritairement serbe, mais un important cordon policier leur bloquait le passage vers le pont.
Plusieurs axes
À Zvecan (nord), ville d’affrontements en début de semaine entre des manifestants serbes et des militaires de la force de l’OTAN (KFOR), quelques dizaines de Serbes se sont de nouveau rassemblés jeudi dans la matinée à proximité de la mairie, moins nombreux que les jours précédents. Parmi eux, un groupe de mineurs de la mine de Trepca, a rapporté une journaliste de l’AFP.
À cet endroit, trente militaires internationaux et une cinquantaine de manifestants serbes ont été blessés dans les heurts, lundi. Le bâtiment municipal est protégé depuis mardi par un important dispositif de la KFOR, qui a davantage renforcé mercredi sa défense avec du fil barbelé et des barrières en métal.
Des militaires de la KFOR ont aussi pris position, jeudi, sur plusieurs axes menant vers le centre-ville, répondant à l’appel du principal parti serbe local après des incidents dans lesquels deux voitures de la police kosovare ont été caillassées, mercredi, par des groupes de personnes «masquées».
Crises successives dans la région
Un policier a été blessé et les vitres des voitures ont été brisées, selon le Ministère kosovar de l’intérieur. Les Serbes ont boycotté les municipales d’avril dans quatre localités dans le nord du Kosovo où ils sont majoritaires, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation inférieure à 3,5%.
Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar a mis le feu aux poudres. Les heurts avaient d’abord éclaté vendredi entre les manifestants et les forces spéciales de la police kosovare. Les manifestants serbes s’opposent à ce que ces édiles, qu’ils considèrent comme «illégitimes», occupent leurs fonctions et réclament le retrait du nord du Kosovo des forces spéciales kosovares.
Indépendance proclamée en 2008
La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, et encourage les quelques 120’000 Serbes qui y vivent (entre 6% et 7% de la population) à défier les autorités de Pristina. La région va de crise en crise depuis des années, mais les grandes puissances, notamment Paris et Washington, ont attribué la responsabilité des derniers incidents à Pristina. L’OTAN a décidé d’y déployer 700 soldats supplémentaires.
Mercredi, depuis Bratislava, le président français Emmanuel Macron a dénoncé «la responsabilité des autorités kosovares» dans l’aggravation de la situation. La veille, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que la décision du Premier ministre kosovar Albin Kurti sur les maires avait «fortement et inutilement aggravé les tensions».
Jeudi, le chef de l’État français et le chancelier allemand Olaf Scholz devraient rencontrer en Moldavie, en marge d’un sommet des dirigeants européens, la présidente kosovare Vjosa Osmani et son homologue serbe Aleksandar Vucic.
«Prendre des mesures»
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé, jeudi, les dirigeants kosovars et serbes à réduire les tensions qui, a-t-il mis en garde, mettent leurs aspirations à une intégration européenne en péril. «Nous appelons les gouvernements du Kosovo et de Serbie à prendre des mesures immédiates en vue d’une désescalade des tensions», a déclaré Antony Blinken, à l’issue d’une réunion ministérielle de l’OTAN, à Oslo.