Tennis«Wawrinka ou Murray, c’était rare qu’ils ne soient pas en deuxième semaine»
Dans une chronique pendant l’US Open, Toni Nadal a été critique sur le niveau actuel du circuit masculin. Depuis Genève, Marc Rosset livre son regard sur le sujet.
- par
- Jérémy Santallo
Naguère entraîneur à part entière de son neveu Rafael, Toni Nadal partage aujourd’hui son temps entre leur île de Majorque et son rôle de conseiller auprès de Félix Auger-Aliassime, espoir déchu du tennis canadien encore éliminé au 1er tour à l’US Open et en perdition depuis plusieurs mois. Pendant cet US Open, l’oncle de «Rafa» rédige également des chroniques pour le quotidien «El Pais». Et selon lui, le niveau global du circuit masculin n’a plus rien à voir avec ce qu’il était à l’époque dorée du «Big Three».
«Je pense que les meilleurs joueurs d’il y a quelques années étaient meilleurs et beaucoup plus compétitifs que ceux d’aujourd’hui, écrit le technicien espagnol de 62 ans, évoquant une discussion avec ses enfants après les éliminations de nombreuses têtes de série lors deux premiers tours du Masters 1000 de Toronto. En fait, je suis surpris par le manque général de régularité et de cohérence. À l’exception de Djokovic et Alcaraz, le niveau proposé est décevant.»
Pour étayer ses propos, Toni Nadal s’est amusé. «Sans aucun doute, Nadal surpasserait Medvedev, Murray serait meilleur que Zverev et Wawrinka que Ruud. Del Potro battrait aussi Rublev, pareil pour Ferrer face à Rune. Et le Djokovic actuel est bien moins fort qu’il y a cinq ou dix ans», poursuit l’Espagnol de 62 ans. Interrogé dans le Arthur Ashe Stadium à savoir si le «Nole» d’aujourd’hui battrait celui d’il y a dix ans, le Serbe avait osé en début de tournoi. «Oui, assez facilement. Aucun problème. Une victoire en trois sets pour celui de 36 ans.»
Observateur du circuit depuis sa retraite, Marc Rosset ne souhaite pas entrer dans le jeu des comparaisons entre les époques. «Qui est plus fort que l’autre, c’est toujours dur à dire. Le Federer qui a remporté l’Open d’Australie à 36 ans, en 2017, était-il plus fort que celui de 26 ans? Je le pense, car il régatait alors avec un Djokovic dans la force de l’âge et des jeunes qui arrivaient avec un nouveau style de jeu, explique le champion olympique de 92. Avec Djokovic aujourd’hui, le niveau moyen du circuit est différent. Il y a moins de constance en termes de résultat, moins de certitudes. Regardez Tsitsipas ou Ruud. Wawrinka ou Murray, c’était rare qu’ils ne soient pas en deuxième semaine d’un Grand Chelem. Un joueur comme Nishikori aussi.»
Comment expliquer cette différence de régularité? Toni Nadal a son idée sur la question. «Le tennis actuel se concentre plus sur le fait de frapper très fort plutôt que d’avoir du contrôle, de varier les échanges. Ce qui génère des difficultés pour enchaîner les tournois sans faire beaucoup d’erreurs, mais aussi pour voir de beaux matches.» Marc Rosset abonde. «C’est clair que le style de jeu est différent, ça tape plus fort. Mais ce qui me frappe surtout, c’est que pas mal de joueurs du top 10 aujourd’hui n’ont pas de plan B. S’ils sont dans un mauvais jour du fond de court, ils passent à la trappe.»
Cette saison, Daniil Medvedev, 3e joueur mondial, a été bouté hors de l’Open d’Australie au 3e tour et au 1er à Roland-Garros. Son poursuivant au classement ATP, Holger Rune, a pris la porte d’entrée à l’US Open, le No 5 Casper Ruud n’a pas fait plus de deux matches à Paris et à Wimbledon tandis que le No 7 Stefanos Tsitsipas a été surpris par le qualifié Dominic Stricker à Flushing Meadows.