Proche-Orient: Joe Biden menace ne plus livrer d’armes si Israël «entre» à Rafah

Publié

Proche-OrientJoe Biden menace de ne plus livrer d’armes si Israël «entre» à Rafah

Le président Joe Biden a posé pour la première fois des conditions au soutien militaire américain à Israël.

Joe Biden, dans le Wisconsin, le 8 mai 2024.

Joe Biden, dans le Wisconsin, le 8 mai 2024.

AFP

Le président américain Joe Biden s’est dit prêt mercredi à cesser de livrer certaines armes à Israël en cas d’offensive majeure à Rafah, posant publiquement et pour la première fois des conditions au soutien américain à son allié. «S’ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (…) contre des villes», a-t-il affirmé dans un entretien avec la chaîne CNN.

«Nous ne livrerons pas les armes et les obus d’artillerie qui ont été utilisés» jusque-là, a-t-il ajouté, faisant référence aux bombes utilisées par Israël depuis le début de la guerre menée à Gaza en représailles à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre. Interrogé sur la décision américaine de suspendre la livraison d’une cargaison de bombes, il a commenté: «Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes», et ajouté: «C’est mal».

Selon un haut responsable américain, les États-Unis ont suspendu la semaine dernière la livraison d’une cargaison composée «de 1800 bombes de 2000 livres (907 kg) et de 1700 bombes de 500 livres (226 kg)», alors que l’armée israélienne se préparait à lancer une offensive «limitée» selon elle à Rafah, que d’aucuns craignent comme étant le prélude à un assaut d’ampleur.

«Centres de population»

Ce faisant, les États-Unis joignent l’acte à la parole après des mises en garde répétées contre toute offensive majeure dans la ville du sud de la bande de Gaza, où 1,4 million de Palestiniens ont trouvé refuge, pour beaucoup ayant fui les bombardements dans le Nord.

Interrogé sur les opérations en cours à Rafah, où l’armée israélienne a déployé des chars et pris le contrôle d’un point de passage frontalier, Joe Biden a dit qu’elle ne touchait pas des «centres de population», laissant entendre que, pour Washington, il ne s’agit pas de l’opération à grande échelle tant redoutée.

«Je l’ai dit clairement à Bibi (le premier ministre Benyamin Netanyahou) et au cabinet de guerre, ils n’auront pas notre soutien s’ils entrent vraiment dans les centres de population», a encore affirmé le président américain.

L’administration démocrate du président Biden a déjà pris des mesures plus modestes pour manifester son mécontentement à l’égard du premier ministre israélien, notamment en imposant des sanctions aux colons israéliens extrémistes, mais elle a résisté jusqu’ici aux appels à conditionner son aide militaire. Les États-Unis passent en revue d’autres livraisons d’armes, a indiqué mercredi le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Promesse

Cette annonce intervient à un moment délicat pour l’administration Biden, qui doit soumettre cette semaine un rapport très attendu au Congrès sur la question de savoir si l’utilisation par Israël d’armes américaines est conforme au droit international et, par là, respecte la loi américaine.

En dépit des condamnations internationales, le premier ministre israélien a promis de lancer cette offensive, indispensable selon lui pour détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste dans le territoire palestinien.

S’il n’est pas question pour Washington de remettre en cause l’aide sécuritaire à long terme, par exemple pour le bouclier anti-aérien «Dôme de fer», qui a démontré sa redoutable efficacité après l’attaque de l’Iran le 14 avril, les appels se font de plus en plus nombreux pour conditionner l’aide militaire américaine.

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire