FranceFace au risque de black-out, c’est la ruée sur les groupes électrogènes
De nombreux particuliers mais aussi entreprises investissent dans des équipements pour pallier de possibles coupures de courant cet hiver. Une manne inédite pour les fabricants.
Face à l’incertitude de l’approvisionnement électrique cet hiver en France, Aimé Hoeffler, 61 ans, a comme de nombreux Français sauté le pas et investi dans un groupe électrogène pour alimenter les équipements «indispensables». Pour 2000 euros, un générateur diesel neuf de 5000 watts installé dans son garage peut tourner pendant une dizaine d’heures avec un plein, explique ce retraité qui vit à Rohrbach-lès-Bitche (est). «C’est de la pure prévision, de la pure prudence», reconnaît-il.
Face à la crise énergétique, Aimé Hoeffler n’est pas seul à se préparer au pire. «Depuis la fin de l’été», les ventes de groupes électrogènes ont largement augmenté chez Castorama, enseigne de bricolage, «avec en particulier une très forte progression depuis les deux dernières semaines», indique une porte-parole du groupe. Par rapport à 2021, les quantités vendues ont été multipliées par 2,5 ces quatre derniers mois et par quatre ces deux dernières semaines, détaille l’entreprise.
Un an de vente en trois mois
Même son de cloche du côté de l’enseigne Mr.Bricolage. «En moins de trois mois, nous avons fait l’équivalent d’une année de vente», a affirmé le directeur commercial Hervé Onfray, soulignant que la demande est «plus importante dans les zones rurales et les petites agglomérations», «moins» dans «les grands centres urbains».
Selon Hervé Onfray, les magasins de bricolage voient arriver trois clientèles types. D’abord, des «foyers ruraux (…) qui ont un besoin de dépannage». Ensuite, des familles «qui ont peur de perdre leurs provisions alimentaires et veulent des appareils plus puissants». Enfin, «des petits commerçants inquiets pour la continuité de leur activité en cas de coupure, qui s’équipent en générateurs électriques puissants».
Leurs produits phares? Les groupes électrogènes milieu de gamme – entre 450 et 599 euros – qui permettent de «brancher des réfrigérateurs, des congélateurs ou des fours», qui s’arrachent comme des petits pains. À tel point que «la demande est plus importante que l’offre, malgré notre anticipation», déplore Hervé Onfray. «Nous rencontrons déjà des difficultés d’approvisionnement avec nos fournisseurs», confie le directeur commercial.
Les commandes ont augmenté de 80% sur un an
À Plérin (ouest), «c’est la folie». Chez le fabricant de groupes électrogènes industriels de haute capacité Gelec, «on a eu une explosion des commandes» dès fin août, avec une hausse de 80% sur un an, rapporte le directeur Éric Lemoine. Le stock de quelque 400 machines, constitué dès fin 2021 pour pallier la hausse des prix, «fond» et «il ne nous en reste pratiquement plus» avant une nouvelle livraison ces prochains jours, détaille-t-il. Les délais d’attente s’allongent malgré le stock et la hausse de la production anticipée.
La demande progresse notamment du côté des supermarchés, soucieux de préserver la chaîne du froid, mais également du côté de «beaucoup de petites PME qui, pour deux heures (de coupure), sont obligées d’arrêter leur activité totale pendant presque une journée car les machines mettront beaucoup de temps à redémarrer», explique Éric Lemoine.
Un investissement compensé en un seul jour d’activité
Le calcul est parfois vite fait: le directeur cite l’exemple de ce restaurateur, pour qui investir 20’000 euros dans un groupe électrogène équivaut au coût d’une journée d’activité amputée par une coupure de courant. Face à la hausse de la demande, Gelec a embauché six nouveaux collaborateurs et va lancer des travaux pour agrandir son entrepôt de 500 m2.