FootballAston Villa n’avance plus masqué
Le club de Birmingham tutoie les sommets de la Premier League. Désormais sous la houlette d’Unai Emery, il a enclenché un cercle vertueux depuis sa promotion.
- par
- Robin Carrel
Sensation? Peut-être. Surprise? Pas franchement. Depuis quelques semaines et la montée en puissance du club birminghamien dans la hiérarchie de la Premier League, les médias, spécialisés ou non, tentent d’expliquer le phénomène qui se produit cette saison à Villa Park. Mais honnêtement, quand on a dépensé près de 100 millions d’euros l’été dernier en transferts, et surtout respectivement 110, 140, 110 et 170 millions les années précédentes, il y a de quoi voir venir, non? Mais si les «Villans» sont de retour au sommet, c’est surtout grâce à des investissements judicieux et un entraîneur compétent.
Parce que, bien sûr, quand on compare les sommes folles jetées par les fenêtres d’Old Trafford ou de Stamford Bridge, les millions brassés par «Villa» peuvent paraître des cacahuètes. C’est vrai, les récents néo-promus ont tous investi plus de 100 voire 150 ou 200 millions d’euros lors des mercatos estivaux pour essayer de se hisser au niveau de la Premier League. Mais les dirigeants d’Aston Villa ont surtout bien travaillé et recruté malin. Cette formation a fait progresser ses éléments clés qui arrivent aujourd’hui à maturité.
Le coach Unai Emery se pose clairement au premier rang des engagements judicieux réalisés par les décideurs de Villa Park, même si il y a aussi eu un peu de déchet – Wesley Moraes/22 mios, Marvelous Nakamba/12 mios, Morgan Sanson/16 mios ou encore Danny Ings/30 mios et Philippe Coutinho/20 mios… -. Si décrié lors de ses passages au Paris SG et à Arsenal, l’entraîneur espagnol a quitté Villarreal – avec qui il avait gagné l’Europa League en 2021 – en pleine saison, en octobre 2022, pour rejoindre les Midlands.
Il y a remplacé Steven Gerrard aux commandes d’une formation en danger de relégation et en a fait une force du championnat le plus riche du monde et même de son stade une forteresse quasiment imprenable. Emery a tiré les leçons de ses échecs passés dans de grosses écuries. Il n’a pas baissé son niveau d’exigence, mais sait aujourd’hui mieux communiquer avec son groupe et aussi… avec les médias. Que ce soit en France ou lors de son passage à Londres, sa maîtrise aléatoire du français et de l’anglais avait fait rire bien des consultants. Aujourd’hui, plus personne ne se marre.
Deux exemples de progression «interne» frappent les suiveurs des Villans: John McGinn et Ollie Watkins. Le premier, devenu capitaine et véritable couteau suisse du milieu de terrain, est arrivé des Hibernians, en Écosse, à l’été 2018 contre 3 millions d’euros. Aston Villa venait d’échouer en finale des play-off à Wembley contre Fulham et l’Écossais va accompagner la montée en puissance de sa nouvelle troupe, bien aidée par le rachat du club par les hommes d’affaires Nassef Sawiris et Wes Edens. L’Egyptien et l’Américain ont misé gros sur les septuples champions d’Angleterre et rois d’Europe en 1982 (1-0 contre le Bayern Munich en finale à Rotterdam) et ils en récoltent les dividendes cette saison.
Le deuxième joueur «clutch» est clairement Watkins. L’attaquant de pointe, débarqué en provenance de Brentford, a coûté plus de 30 millions, mais il a enfin fait oublier Tammy Abraham dans le cœur des fans de la Claret & Blue Army. Le natif de Torquay, une ville située en bordure de la Manche, est arrivé à maturité cette saison. Il a déjà marqué à 9 reprises, mais il a aussi offert 10 «assists» en Premier League, ce qui fait de lui le meilleur passeur actuel au sein des cinq grands Championnats.
Des résultats probants, un entraîneur entraînant, un jeu intense, le haut de tableau à jouer et une exposition énorme dans le haut du panier du championnat le plus suivi de la planète… Cela permet désormais à Aston Villa de viser des profils de joueurs encore plus talentueux. Cet été, les Birminghamiens sont allés chercher Moussa Diaby au Bayer Leverkusen pour 55 millions d’euros alors que la moitié des grands clubs du continent étaient sur le dossier. C’est ce qu’on appelle un «cercle vertueux» qui peut encore s’emballer en cas de qualification pour la prochaine Champions League.