HongrieDirecteur de musée viré pour non-application d’une loi anti-LGBT+
Le patron du musée national de Hongrie a laissé entrer des mineurs à une expo sur des clichés primés en 2023. Or, il y avait un reportage sur une communauté LGBT+ des Philippines.
Le gouvernement hongrois a licencié, lundi, le directeur du musée national de Hongrie, qui a «manqué» à son devoir d’appliquer la loi interdisant l’accès des mineurs à une exposition proposant des contenus évoquant l’homosexualité.
Le directeur, Laszlo Simon, «n’a pas respecté les obligations légales lui incombant» et a «eu un comportement rendant impossible la poursuite de sa mission», a indiqué le ministère de la Culture, précisant que la mesure prenait effet immédiatement.
Le musée national de Hongrie présentait, jusqu’à dimanche, les clichés primés en 2023 par le World Press Photo, qui récompense chaque année «le meilleur journalisme visuel» dans le monde. Mais le parti d’extrême droite Notre Patrie avait dénoncé cette exposition, parce qu’elle montrait sans restrictions des photos sur une communauté LGBT+ des Philippines. Il estimait qu’elle violait une loi de 2021 interdisant toute évocation de l’homosexualité auprès des mineurs en public.
Thème abordable qu’en privé
En Hongrie, pays membre de l’Union européenne (UE) gouverné, depuis 2010, par le nationaliste Viktor Orban, il est interdit d’évoquer, hors du cercle privé, ce sujet auprès des moins de 18 ans, sous peine de sanctions financières.
Le ministère hongrois de la Culture avait donc ordonné au musée national d’empêcher l’accès des enfants aux salles d’exposition. Mais le musée avait déclaré, mercredi, ne pas pouvoir contrôler les pièces d’identité et s’en remettre à la «coopération» des visiteurs.
Le directeur de ce musée est un ancien député du parti Fidesz de Viktor Orban et, à ce titre, il avait voté cette loi combattue par les ONG, que l’UE entend annuler par le biais d’une procédure d’infraction toujours en cours.
«Viktor Orban ne tolère pas ce genre de choses»
Sur Facebook, Laszlo Simon a déclaré «ne pas pouvoir accepter» son licenciement, affirmant ne pas avoir délibérément «violé la loi». La semaine dernière, sur Facebook, il avait remercié ironiquement l’extrême droite d’avoir suscité l’intérêt du public pour son exposition. En retour, cette dernière s’était indignée qu’il «se moque de son propre gouvernement, ce qui est inhabituel, car Viktor Orban ne tolère pas ce genre de choses».
En Hongrie, depuis 2010, des compagnons de route du Premier ministre ont été régulièrement évincés, après avoir contesté son action.