IndonésieDes filles portent mal le voile, l’école leur coupe les cheveux
En Indonésie, un professeur a en partie rasé la chevelure d’une douzaine de filles. Les familles ont protesté, il a été suspendu, l’établissement s’est excusé et a fourni une aide psychologique.
Dans certaines régions conservatrices d’Indonésie, qui compte la plus importante population musulmane au monde, les filles doivent porter le hijab, qui fait partie de l’uniforme des écoles publiques. Un enseignant du collège SMPN 1, à Lamongan, dans la province de Java orientale, a sanctionné quatorze élèves musulmanes pour leur tenue jugée incorrecte, en rasant une partie de leurs cheveux, selon Harto, le directeur de l’école.
«Il n’y a pas d’obligation pour les élèves de porter le hijab, mais on leur conseillait de porter des bonnets pour avoir une apparence correcte», précise le directeur qui, comme de nombreux Indonésiens, ne porte qu’un nom. Ces élèves qui ne portaient pas de bonnet avaient laissé dépasser une frange de leur voile.
Après des protestations des familles, «nous avons présenté des excuses aux parents», a ajouté Harto. L’enseignant a été suspendu et l’école va proposer une assistance psychologique aux enfants concernées.
Licenciement réclamé
Les associations de défense des droits de l’homme ont appelé au licenciement de l’enseignant, dont l’identité n’a pas été révélée. «Le cas de Lamongan est probablement le pire cas d’intimidation vu en Indonésie», a souligné Andreas Harsono, collaborateur de Human Rights Watch en Indonésie.
Dans un rapport de 2021, cette association de défense des droits de l’homme rapporte que certaines élèves ont eu leur hijab coupé pour ne pas l’avoir porté selon les règles, tandis que d’autres ont eu de mauvaises notes ou ont été expulsées pour ne pas avoir porté le voile islamique. Le cas d’une élève chrétienne forcée par son école à porter le voile, dans la région du Sumatra occidental, avait été rapporté par les médias et décrite comme un exemple parmi d’autres.
L’intolérance progresse
Le gouvernement indonésien a réagi en publiant, en 2021, un décret permettant aux élèves et aux adultes des écoles publiques de choisir leur tenue et interdisant aux écoles de rendre obligatoire le voile islamique. Mais la Cour suprême a annulé le texte peu après, estimant qu’il n’était pas conforme au droit.
L’Indonésie reconnaît officiellement six religions, mais les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent de la progression de l’intolérance religieuse dans le pays.