PétroleLes États-Unis vont réimposer des sanctions contre le Venezuela
Les États-Unis vont revenir sur l’allègement de leurs sanctions contre le secteur pétrolier vénézuélien. Selon Washington, Caracas n’a pas honoré certains engagements en vue d’une présidentielle équitable.
Les États-Unis ont annoncé mercredi réimposer des sanctions contre les secteurs pétroliers et gaziers vénézuéliens, estimant que le gouvernement du président Nicolas Maduro poursuivait sa politique de répression de l’opposition.
L’administration du président Joe Biden revient ainsi sur l’allègement des sanctions annoncé dans le sillage d’un accord conclu en octobre à La Barbade entre les représentants du président Maduro et ceux de l’opposition sur la tenue, au cours du 1er semestre, d’une élection présidentielle libre et équitable.
Tout en saluant le calendrier électoral prévoyant le scrutin le 28 juillet avec la présence d’observateurs internationaux, Washington a condamné l’inéligibilité de la candidate de l’opposition Maria Corina Machado, favorite dans les sondages, et la non-inscription de sa remplaçante désignée, Corina Yoris.
«Nous sommes inquiets du fait que M. Maduro et ses représentants aient empêché l’opposition démocratique d’inscrire le candidat de son choix, harcelé et intimidé des opposants politiques et détenu injustement de nombreux acteurs politiques et membres de la société civile», a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, dans un communiqué. «Nous appelons de nouveau Maduro à permettre à tous les candidats et partis de participer au processus électoral et à relâcher tous les prisonniers politiques», a aussi dit Matthew Miller.
L’industrie ne s’arrêtera pas
La licence générale dite «GL44», qui autorisait pour six mois les transactions liées au secteur du pétrole et du gaz vénézuélien, expire jeudi et ne sera pas renouvelée, ont confirmé les autorités américaines. Les entreprises auront jusqu’au 31 mai pour se conformer à ces sanctions, ont-elles précisé.
«C’est la conséquence de l’incapacité du régime de Maduro à remplir sa part de l’accord. Le régime a violé tous les éléments de l’accord de la Barbade et a même développé une vague de répression brutale», a réagi auprès de l’AFP Maria Corina Machado. «Il ne s’agit certainement pas d’une élection libre et équitable, ce que nous demandons. J’espère (...) que le régime comprendra qu’il est préférable pour toutes les parties, y compris Nicolas Maduro, d’accepter les termes de l’accord de la Barbade», a-t-elle ajouté.
Sanctions américaines ou pas, l’industrie pétrolière du pays ne va pas s’arrêter, a assuré mercredi Pedro Tellechea, ministre vénézuélien du Pétrole et président du géant public Petroleos de Venezuela (PDVSA) à des journalistes, avant même l’annonce de Washington. «Nous continuons à aller de l’avant, nous continuons à nous développer», a déclaré Pedro Tellechea, affirmant que les sanctions «n’ont aucun effet sur l’économie, il y a un maximum de stabilité».
«Chantage grossier et injustifié»
Les États-Unis avaient annoncé fin janvier qu’ils entendaient réactiver ces sanctions contre le Venezuela, qui avait réagi à l’époque en parlant de «chantage grossier et injustifié». Washington a déjà réimposé des sanctions à l’encontre de la compagnie publique Minerven, qui exploite des mines d’or.
Le président Nicolas Maduro brigue un troisième mandat de six ans alors que les sanctions sur le pétrole et le gaz imposées depuis 2019 cherchaient à l’évincer du pouvoir après sa réélection contestée en 2018.
Une délégation de l’Union européenne est arrivée dimanche à Caracas pour entamer le travail d’observation de l’élection présidentielle du 28 juillet. Une mission du Centre Carter basé aux États-Unis est prévue la semaine prochaine, et un panel d’experts des Nations Unies devrait effectuer le voyage avant la fin avril.