Le CaireLa Ligue arabe réintègre le régime syrien après 11 ans d’absence
Réunis dans la capitale égyptienne dimanche, les ministres arabes des Affaires étrangères ont entériné la décision dans un texte voté par l’ensemble des participants.
Les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé dimanche au Caire de réintégrer le régime syrien à la Ligue arabe après l’avoir écarté en 2011 pour la répression d’un soulèvement populaire ayant dégénéré en guerre sanglante.
Réunion à huis clos
«Les délégations du gouvernement de la République arabe de Syrie siégeront de nouveau à la Ligue arabe», indique le texte voté par l’ensemble des ministres dans une réunion à huis clos au siège de la Ligue arabe au Caire. Le président syrien Bachar al-Assad est récemment sorti de son statut de persona non grata et certains observateurs estiment qu’il pourrait même assister le 19 mai à Ryad au sommet annuel des chefs d’Etat de l’organisation panarabe. Il s’agit d’un retournement spectaculaire sachant qu’en 2013, l’opposition anti-Assad avait pu occuper le siège de la Syrie lors d’un sommet de la Ligue arabe à Doha au Qatar.
Des pays arabes avaient soutenu des rebelles au début de la guerre, devenue depuis un terrain d’affrontements entre forces étrangères, et qui a fait environ un demi-million de morts et des millions de réfugiés et de déplacés. Si le réchauffement diplomatique se préparait depuis des mois, Bachar al-Assad a bénéficié de l’élan de solidarité mondial après le tremblement de terre dévastateur du 6 février, qui a fait des milliers de morts en Turquie et en Syrie.
Normalisation
Le président et ses ministres ont ainsi vu défiler à Damas les représentants de nombreux pays arabes qui refusaient jusqu’alors de normaliser leurs relations avec la Syrie --certains faisant même de leur départ du pouvoir une condition sine qua non. Damas mise désormais sur une pleine normalisation avec les pays arabes, notamment les riches monarchies du Golfe – un temps plus grands alliés de l’opposition à Bachar al-Assad –, pour financer la coûteuse reconstruction du pays aux infrastructures ravagées par les conflits à répétition.
Avec le temps et le soutien précieux de la Russie et de l’Iran, le régime de Bachar al-Assad a repris le contrôle de la majeure partie du territoire même si quatre millions de personnes vivent dans le nord-ouest sous contrôle des rebelles et des jihadistes. Samedi à Damas, le président iranien Ebrahim Raïssi et son homologue syrien annonçaient renforcer leurs liens diplomatiques et économiques, mettant l’accent sur la reconstruction.
Trafic de captagon
En outre, selon une enquête de l’AFP publiée en novembre, la Syrie est parvenue à rester à flot en exportant du captagon. Ce stimulant a donné naissance à une industrie illégale de plus de 10 milliards de dollars, faisant de la Syrie le narco-Etat le plus récent du monde. Les Emirats arabes unis, premier Etat du Golfe à avoir rétabli ses relations avec Damas, ont rouvert leur ambassade en 2018 et reçu Bachar al-Assad en mars.
En novembre 2011, 18 des 22 membres de la Ligue arabe avaient suspendu la participation du gouvernement syrien à leurs réunions, suscitant l’approbation des pays occidentaux et de la Turquie, mais l’ire de la Russie, de l’Iran, de l’Irak et du Liban. L’organisation panarabe avait également imposé des sanctions économiques à la Syrie et la fin des liaisons aériennes, après des mois de mesures économiques américaines et européennes contre des dirigeants et intérêts économiques syriens.