Coupe du monde: match Brésil–Suisse, qui va gagner? Débat lancé

Au niveau du palmarès, le Brésil, cinq Coupes du monde au chaud, est le pays dominateur de la planète football depuis des décennies. Donc à priori, il n’y a pas photo entre la Seleçao et l’équipe de Suisse. Sauf que…

Sauf que la Suisse n’a jamais perdu contre le Brésil en Coupe du monde. 2-2 en 1950, 1-1 en 2018. Preuve que notre pays de «bras noueux», comme les appellent certains de nos confrères, ont les moyens de casser le jeu des «artistes» brésiliens.

Il y a quatre ans, Behrami avait fait un grand match défensif en s’occupant personnellement de Neymar. Behrami n’est plus là, Neymar ne sera pas là. Mais la Suisse ne doit pas se dire que la seule absence du maître à jouer brésilien lui offrira la victoire.

Non, la Suisse doit se convaincre qu’elle a les moyens de pousser le Brésil dans ses derniers retranchements. Sommer semble totalement rétabli, Akanji dirige la défense comme rarement cela n’a été le cas au sein de la Nati, Xhaka est au sommet de sa forme à mi-terrain, et Embolo est capable de claquer des buts à chaque minute du match. Et puis, sait-on jamais, une inspiration folle de Shaqiri n’est jamais à exclure…

La Suisse peut donc y croire. Croire à une victoire contre le Brésil qui serait historique, comme l’avait été le succès contre la France lors de l’Euro 2021. Chiche?

Renaud Tschoumy

Évidemment que l’on aimerait y croire, que notre amour du maillot devrait nous inciter à un élan d’optimisme et qu’il serait tentant sinon normal de rejoindre la cohorte enflammée des fans inconditionnels de «unser» Nati. Mais nous ne sommes ni aveugles ni sans doute suffisamment patriotes, juste peut-être réalistes.

Contre un très faible Cameroun, l’équipe nationale a certes fait le job, avec davantage de pragmatisme que de jeu, tandis que le Brésil, dès que ses joueurs ont haussé le rythme, a fini par nous transposer dans une autre dimension – celle des émotions.

Depuis Doha, Murat Yakin et ses joueurs ont fait beaucoup d’efforts pour nous – et se – persuader qu’ils avaient une chance. Mais laquelle? De ne pas être ridicule, probablement. La Suisse s’est bien sûr offerte son jour de gloire en plumant le coq en juin 2021 lors de l’Euro et a aussi privé l’Italie de Coupe du monde avant de battre l’Espagne en Ligue des Nations – on ne conteste pas ses progrès.

Mais on parle ici du Brésil, et de pas n’importe quel Brésil s’il vous plaît. Dans la Seleção de 2022, aucun international helvétique n’aurait sa place assurée. Dans son couloir, Rodriguez représente un danger public, Shaqiri s’impose comme un poids (!) mort, etc.

Il y a fort à redouter que, confrontée à ce qui se fait de mieux, la Suisse en soit réduite au rôle de faire-valoir. Quand le Brésil déroule, ce qu’il fera aussi sans Neymar, il faut juste savoir apprécier le spectacle d’un ballon caressé.

Abandonner les coéquipiers de Xhaka au moment de croiser le fer devant la machine à café, c’est aussi accepter ses propres contradictions; comme celle d’avoir, au coup d’envoi du Mondial, imprudemment misé sur un titre mondial helvétique au soir du 18 décembre…

Ce qui, chacun en conviendra, serait la plus belle façon de retomber sur nos pieds!

Nicolas Jacquier