US Open«Je ne peux pas forcer quelqu’un à me serrer la main»
A New York, l’Ukrainienne Marta Kostyuk avait prévenu la Biélorusse Victoria Azarenka qu’elle la saluerait uniquement avec sa raquette à la fin de leur duel.

Pas de poignée de mains entre la Biélorusse Victoria Azarenka, à gauche, et l’Ukrainienne Marta Kostyuk, à droite.
AFPMarta Kostyuk a refusé de serrer la main de Victoria Azarenka, jeudi, après sa défaite au 2e tour de l’US Open, et a assumé après-coup «ce choix», reprochant à son adversaire biélorusse son silence à propos de la guerre en Ukraine. «C’était ma décision. Je n’en avais pas envie», a expliqué en conférence de presse l’Ukrainienne, qui a préféré initier un léger entrechoc de raquettes – geste instauré en période de Covid – à l’issue de la partie qu’elle a perdue 6-2, 6-3.
Interrogée sur son ressenti au filet par rapport au geste de son adversaire, Victoria Azarenka a expliqué «ne pas avoir été surprise». «Je ne pense pas qu’il faille en faire un événement. Je serre toujours la main de mes adversaires. Je me suis retrouvée dans la même situation avec (Dayana) Yastremska à Washington. C’est comme ça. Je ne peux pas forcer quelqu’un à me serrer la main. C’est leur décision. Comment ça m’a fait me sentir? Ce n’est pas le plus important en ce moment.»
SMS la veille
Plus tôt, face aux journalistes, Marta Kostyuk s’était justifiée ainsi. «Elle (ndlr: Azarenka) n’est jamais venue me voir pour me dire ce qu’elle pense (ndlr: du conflit en cours). Je n’ai rien contre elle personnellement. J’estime juste qu’elle a un rôle tellement important, en tant que membre du Conseil des joueuses de la WTA, et aussi en dehors du tennis, dans son pays. Je trouve qu’elle aurait pu en faire plus», a développé l’Ukrainienne de 20 ans.
«Je pense simplement que ce n’est pas la bonne façon de se comporter, compte tenu des circonstances dans lesquelles je me trouve en ce moment», a insisté Marta Kostyuk, affirmant par ailleurs avoir tenté de contacter Azarenka par SMS, mercredi, veille de leur match, pour «la prévenir» de son refus de lui serrer la main.
«Je suis ici pour essayer d’aider. Les gens ne le voient peut-être pas. Et ce n’est pas pour ça que je le fais.»
Victoria Azarenka, qui affrontera au prochain tour la Croate Petra Martic (54e), s’est défendue de ne pas avoir voulu parler à l’Ukrainienne. «J’ai proposé de le faire à plusieurs reprises par le biais de la WTA. Parce que j’estime qu’il y a une certaine forme de sensibilité à avoir. On m’a dit que ce n’était pas le bon moment. Je n’ai pas de relation étroite avec Marta, je n’en ai jamais eue. Je sais évidemment qui elle est, mais je ne me suis jamais entraînée, ni ai eu de conversation avec elle», a-t-elle avoué.
Et la Biélorusse de poursuivre ses explications. «En mars, quand tout a commencé, j’ai contacté toutes les joueuses ukrainiennes que je connais personnellement et avec lesquelles j’entretiens de bonnes relations. Je ne pense pas que me forcer à parler à quelqu’un qui ne le souhaite peut-être pas, pour différentes raisons, soit une bonne approche. Mais j’ai proposé de le faire.»
Quant à sa supposée inaction, Victoria Azarenka affirme avoir émis «un message très clair depuis le début». «Je suis là pour aider et je l’ai fait, beaucoup. Peut-être pas des choses que les gens voient. Je ne le fais pas pour ça. Je le fais pour les juniors qui ont besoin de vêtements, des gens qui ont besoin d’argent ou de moyens de transport. Aider les gens dans le besoin, c’est ça qui compte pour moi.»
Contexte tendu
Leur rencontre à l’US Open s’inscrivait dans un contexte très tendu entre joueuses et joueurs ukrainiens d’un côté, russes et biélorusses de l’autre, depuis six mois que dure le conflit. Le Belarus, proche allié de la Russie, a permis à Moscou d’utiliser son territoire pour lancer des attaques en Ukraine.
Raison pour laquelle de nombreux joueurs ukrainiens, dont Kostyuk, souhaitent que Russes et Biélorusses soient interdits de compétition. Cette décision, seuls les organisateurs du tournoi de Wimbledon l’ont prise, cet été, contrairement aux autres Majeurs et tournois des circuits ATP et WTA qui autorisent Daniil Medvedev, Aryna Sabalenka et consorts à jouer, mais sans mention de leur pays et sans drapeau.
«Imaginez que pendant la Seconde Guerre mondiale, il y ait une collecte de fonds pour les Juifs et que des Allemands veuillent jouer.»
Le week-end dernier, Victoria Azarenka a été écartée en catastrophe d’un tournoi exhibition organisé avant l’US Open dans le but de collecter des fonds pour l’Ukraine.
Marta Kostyuk notamment s’était insurgée contre sa présence à cet événement caritatif, entraînant le rétropédalage des organisateurs. «Imaginez que pendant la Seconde Guerre mondiale, il y ait une collecte de fonds pour les Juifs et que des Allemands veuillent jouer. Je ne pense pas que les Juifs comprendraient», a asséné l’Ukrainienne, jeudi.
Victoria Azarenka a au contraire estimé que participer à cette exhibition aurait démontré de sa part «un réel engagement». «Je ne sais pas pourquoi ça n’a pas été pris dans ce sens. J’ai proposé mon aide, mon écoute. Si ce n’est pas reçu comme ça, encore une fois, je ne peux forcer personne.»