SantéCe qu’il faut savoir sur la variole du singe
Alors que l’OMS a déclenché samedi son plus haut niveau d’alerte pour tenter de juguler la flambée de variole du singe, voici ce que l’on sait de ce virus, qui n’a pour l’heure, pas fait de mort.
Depuis samedi, la flambée de variole du singe a été érigée en menace sanitaire majeure par l’OMS. Tour d’horizon de la maladie, qui comptabilise désormais plus de 17’000 cas dans le monde.
Symptômes
Fièvre, maux de tête, douleurs musculaires aiguës, fatigue inhabituelle, ganglions lymphatiques enflés et douloureux au niveau de la mâchoire, du cou ou de l’aine peuvent se manifester dans une première période. Dans une deuxième période des lésions cutanées et muqueuses peuvent apparaître sur tout le corps.
Dans la flambée actuelle de variole du singe, les zones génitales, anales et buccales sont plus souvent affectées, avec des lésions apparaissant parfois avant les atteintes des ganglions, la fièvre, les malaises et les douleurs associées aux lésions, a rappelé l’OMS il y a deux jours.
D’un malade à l’autre, les symptômes sont cependant variables. Après quelques jours ou semaines, les boutons se transforment en croûtes, lesquelles finissent par tomber et les lésions par cicatriser. Le malade est contagieux jusqu’à cicatrisation complète.
Diagnostic
Dans la vague actuelle, dont l’Europe est l’épicentre, une large majorité des malades sont jusqu’alors des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, relativement jeunes, vivant essentiellement en ville, selon l’OMS.
Le diagnostic peut être difficile car les cas ne présentent pas forcément les symptômes habituels de la maladie et peuvent ressembler à certaines infections sexuellement transmissibles, ont prévenu plusieurs autorités sanitaires.
Le médecin qui fait l’examen clinique va éliminer d’autres maladies à éruption cutanée comme la varicelle, le syndrome pieds-mains-bouche, un zona, la rougeole, les infections bactériennes cutanées, la gale, la syphilis, l’herpès, les réactions cutanées des allergies.
La confirmation du diagnostic de variole du singe peut nécessiter une analyse notamment par test PCR. Le prélèvement cutané (biopsie ou écouvillon en frottant plusieurs vésicules), et/ou nasopharyngé si la personne à une poussée éruptive dans la bouche ou la gorge, est privilégié.
En attendant de faire un test et d’en connaître les résultats, il faut s’isoler. Une fois l’infection confirmée, l’isolement recommandé est d’environ trois semaines.
On ignore si le virus peut se transmettre par le sperme et, si oui, combien de temps. Par précaution, le Centre européen de contrôle des maladies recommande ainsi d’utiliser un préservatif douze semaines après la guérison.
Traitements
Seul un traitement des symptômes, par exemple pour stopper la fièvre ou calmer les démangeaisons, est en général nécessaire.
Dans certains cas, les lésions sont très douloureuses, comme le rapportent plusieurs témoignages, ce qui peut nécessiter des anti-douleurs voire une hospitalisation.
Il est conseillé de ne pas gratter les lésions pour ne pas se réinoculer le virus ni garder de cicatrices, et de les couvrir pour limiter ces risques.
Chez certaines personnes, la maladie peut se compliquer d’une surinfection des lésions cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques.
Au besoin, certains médicaments antiviraux comme le tecovirimat, conçus notamment contre la variole, peuvent être utilisés.
Les cas graves concernent plus souvent les enfants, les femmes enceintes, les immunodéprimés. Aucun décès n’a été signalé à ce jour en Europe ou aux États-Unis.
Vaccins
S’il est administré dans les quatre jours post-exposition, il peut avoir un effet protecteur important, selon le Centre européen de contrôle des maladies. La Commission européenne a approuvé lundi l’extension d’un de ces vaccins à la variole du singe.
Dans certains pays (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, France), une vaccination préventive peut être proposée aux groupes les plus exposés au virus, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. À New York, des milliers de personnes ont ainsi déjà été vaccinées. En Suisse, contrairement à certains scientifiques, l’OFSP ne voit pas pour l’instant de nécessité immédiate d’adapter la stratégie actuelle de lutte contre le virus, mais se dit «en contact avec des experts et adapte les mesures aux dernières connaissances scientifiques.»
La vaccination s’effectue avec deux doses, espacées d’au moins 28 jours. Pour les personnes vaccinées contre la variole dans leur enfance, une dose suffit. Pour les immunodéprimés, une troisième est conseillée.
Ces vaccins n’apportant pas une protection immédiate ni totale, les autorités sanitaires invitent à rester prudents après leur injection.