Hockey sur glaceLe nouveau plan d’action ajoulot fonctionnera-t-il à Ambri?
Malgré 59 tirs adverses, le HC Ajoie s’est imposé vendredi contre Zurich. Ancien défenseur d’Ambri, à qui son équipe rend visite ce samedi soir (19 h 45), Alain Birbaum dévoile le nouveau plan stratégique du néo-promu.
- par
- Julien Boegli Porrentruy
Si l’on s’en tient à la logique mathématique, le succès ajoulot de vendredi soir se révèle être une anomalie. Avec 59 envois adressés sur la cage de Tim Wolf, Zurich aurait dû l’emporter amplement, comme d’autres l’ont fait récemment face au néo-promu de Porrentruy. Ajoie n’a tiré qu’à 24 reprises, soit deux fois et demie moins, mais s’est imposé 4-3, mettant ainsi un terme à une série de sept revers consécutifs. La dernière période, sans but, a carrément basculé dans un déséquilibre rarement – voire jamais – vu à ce niveau de jeu (2-22).
Mais le HC Ajoie s’est imposé. «Il le fallait. On a beau savoir que l’on n’a rien à craindre au terme de la saison, on commençait à sentir la pression. On veut performer, personne ne peut se satisfaire de rester au fond du bac et d’encaisser des 5-0 ou 6-1 lors de chaque journée, livre Alain Birbaum. On devait aussi réagir pour notre public, qui nous encourage et met une ambiance incroyable même dans la défaite.»
La recette d’Alain Birbaum
Cette victoire, la quatrième pour lui, s’écarte donc de la norme, de la règle. Un peu comme celle ramenée de Zoug le 24 septembre (3-2 après prolongation), alors même que les Jurassiens avaient été largement dominés (45 tirs à 15). Certains évoqueront un coup de pouce du destin pour permettre, l’espace d’un soir au moins, à la lanterne rouge de se débarrasser de ses tourments, d’autres pointeront du doigt le manque de réalisme de l’équipe de Rikard Grönborg, modeste cinquième de la ligue, à trois longueurs de la première barre, malgré ses cinq joueurs étrangers et sa pléiade de vedettes.
Et si, au final, les hockeyeurs ajoulots avaient simplement trouvé une ébauche de solution pour sortir de cette spirale négative? «On a prouvé qu’en jouant de la bonne manière, on peut prendre des points même contre Zurich», dévoile le plus capé des joueurs de Porrentruy (734 matches au compteur dans la plus haute ligue). Quand bon nombre de ses partenaires terminent gentiment leur deuxième mois d’apprentissage à ce niveau, lui sait peut-être comment accélérer le processus d’acclimatation.
Jouer de la bonne manière, ce sont les termes employés par le défenseur fribourgeois. Sa définition: un jeu simple, des sorties de puck par la bande, le balancer en zone offensive et aller travailler dans le secteur adverse. Ajoie commencerait-il à se rendre compte que sa production à succès en Swiss League ne peut pas l’être à cet étage? Le fait de s’accrocher à ce que les choses étaient, au lieu de les laisser être ce qu’elles sont désormais, l’a trop souvent conduit à l’échec.
Une leçon à retenir
Le changement ne dépend que des joueurs ajoulots. Ils doivent l’accepter s’ils veulent goûter à la réussite, aussi occasionnelle soit-elle. «En Swiss League, on était habitués à sortir proprement de notre zone, à marquer de jolis goals. Il faut accepter de produire du moins beau jeu, privilégier l’efficacité et chercher le haut pourcentage. Les autres équipes le font, pourquoi pas nous?», poursuit Alain Birbaum.
Le hockeyeur ajoulot n’a peut-être pas le talent ou l’expérience de ses rivaux, mais il n’est pas plus sot que les autres. «On a essayé contre Zurich et cela a marché. C’est une première réponse, ce plan nous indique le chemin à prendre. Si on continue sur cette tendance, on peut espérer voir la vie différemment, même si on sait que l’on vivra encore d’autres soirées difficiles. Il y a une leçon à retenir de ce match.»
Le numéro 51 a d’ailleurs appliqué les consignes établies à la lettre. C’est de lui qu’est venu le 3-2 de la 24e minute. Sa rondelle dégagée en chandelle depuis son camp a permis d’amorcer un mouvement de rupture brillamment conclu par Maxime Fortier. Birbaum le répète: «Il ne faut pas chercher le beau jeu, ça ne paie pas, mais le haut pourcentage de réussite.»
Dans ce registre, vendredi soir, Ajoie a obtenu la note maximale. Tout n’a pas été parfait, c’est une évidence, et il y a eu ces 59 frappes visiteuses. Mais le HCA a adapté son système. «Nos ailiers ont bloqué plus de shoots, ils ont davantage gêné l’adversaire. On a alors évité de le mettre trop souvent en situation avantageuse. On a aussi privilégié la défense de zone plutôt que sur l’homme, qui demande trop d’efforts.»
Trois défenseurs sur le flanc
Une fois n’est pas coutume, Ajoie n’a pas atteint la première pause avec un retard déjà trop lourd à gommer, et il a drastiquement réduit sa distribution de cadeaux, malgré l’absence de trois hommes de son top-6 défensif. Malades, Anthony Rouiller et Yannick Hänggi manqueront encore ce samedi soir à Ambri. Tout comme Jérôme Leduc, en délicatesse avec son dos. Annoncé dans un premier temps absent jusqu’à la pause de l’équipe nationale, le Québécois pourrait faire son retour au jeu lors des deux matches du week-end prochain, selon le directeur technique du club Vincent Léchenne.
Mais dans la fureur de la nouvelle arène léventine, cette chaude ambiance que Birbaum retrouvera après son passage à Ambri entre 2014 et 2016, il faudra une fois encore faire avec les moyens du bord. «On a confiance en ceux qui embarqueront sur la glace. L’entraîneur veut que l’on progresse. Ce n’est pas facile tous les jours. Gary (Sheehan) est exigeant, il demande beaucoup. Malgré les défaites, personne n’arrive le matin à l’entraînement en ronchonnant, cela prouve que l’équipe, elle aussi, a envie de progresser.»
Ambri battu à Zoug vendredi (2-0), Ajoie victorieux de Zurich, les Jurassiens doivent s’attendre à affronter une formation revancharde samedi soir. C’est d’ailleurs face à cette même équipe qu’ils avaient fêté leur premier succès de la saison le 18 septembre (4-0).