ÉducationEn Suisse, 300’000 enfants sont punis par des fessées
Une nouvelle étude de l’Université de Fribourg montre que de nombreux enfants en Suisse sont toujours victimes de châtiments corporels et d’humiliations. Une nouvelle disposition dans le Code civil doit contrecarrer ces violences parentales.
62% des parents en Suisse déclarent n’avoir jamais recours à la violence physique. C’est la bonne nouvelle de l’étude sur la violence dans l’éducation, menée par l'Université de Fribourg auprès de 1605 mères et pères, que rapporte la «SonntagsZeitung». Cette proportion n’évolue presque pas par rapport à 2022 où la même université indiquait que 40% des enfants subissent des violences de la part de leurs parents.
Mais, à l’opposé, 32’000 enfants, sont battus avec des objets (comme une ceinture), 48’000 filles et garçons sont punis par des douches froides, quelque 160’000 enfants se font gifler et 300’000 reçoivent des fessées. Un nombre plus important encore d’enfants et d’adolescents sont insultés, injuriés, humiliés ou enfermés dans leur chambre pendant une longue durée – c’est ce qu’ont indiqué 60% des parents interrogés.
Article de loi explicite contre la violence
Si le droit suisse en vigueur n’autorise pas la violence parentale, il n’en mentionne pas explicitement l’interdiction. C’est pourquoi, en 2022, le Parlement avait accepté une motion de Christine Bulliard-Marbach (Le Centre/FR) et chargé le Conseil fédéral d’ancrer explicitement l’interdiction de la violence dans l’éducation dans le Code civil (CC).
Cette nouvelle disposition devra stipuler que les parents doivent éduquer l’enfant sans recourir à des châtiments corporels ou d’autres formes de violence dégradante. Et les cantons devront veiller à ce que parents et enfants puissent s’adresser, ensemble ou séparément, à des centres de consultation lors de difficultés dans l’éducation. «La loi a valeur de modèle et constitue un signal clair: la violence dans l’éducation ne sera pas tolérée», écrit le Conseil fédéral à ce propos.
Lutter contre toutes les formes de violence
Yvonne Feri, présidente de l’Association suisse pour la protection de l’enfant, estime que si le droit actuel permet certes déjà de poursuivre les auteurs d’abus graves sur des mineurs, la nouvelle disposition permettra de lutter contre toutes les formes de violence dans l’éducation. En 2022, cette même association plaidait déjà pour une éducation sans violence. En 2023, les choses ne semblent pas évoluer.
Des baffes ne sont pas juste des baffes
Il existe encore chez nous l’attitude très répandue selon laquelle une gifle n’a jamais fait de mal à personne, note la «SonntagsZeitung». «J’ai aussi entendu cela de temps en temps au Parlement, surtout de la part de la droite», commente Yvonne Feri, présidente de l’Association suisse pour la protection de l’enfant. «Si, en dix ans, j’ai donné deux fois une claque sur les fesses d’un enfant, cela ne lui fera probablement rien, précise-t-elle. Mais si j’utilise la fessée comme méthode d’éducation systématique, alors cela lui nuit.»