Royaume-UniLa ministre de l’Intérieur de Liz Truss quitte le gouvernement
Alors que Downing Street se trouve en pleine crise de confiance, Suella Braverman a confirmé son départ pour utilisation de son email personnel. Grant Shapps a été nommé pour la remplacer.
En sursis après six semaines à Downing Street, la Première ministre britannique Liz Truss a subi mercredi un nouveau revers avec le départ de sa ministre de l’Intérieur Suella Braverman.
«Graves inquiétudes»
Rejetée par l’opinion, contestée au sein de sa propre majorité, la dirigeante conservatrice a assuré vouloir rester en poste malgré l’abandon de son programme économique, qui avait provoqué une tempête sur les marchés financiers. Mais sa position apparaît fragilisée avec le départ d’un nouveau poids-lourd de son gouvernement, moins d’une semaine après avoir dû limoger son ministre des Finances, et ami proche, Kwasi Kwarteng.
Suella Braverman, 42 ans, a expliqué avoir démissionné pour avoir utilisé son email personnel pour l’envoi de documents officiels, enfreignant le code ministériel. Elle a par ailleurs exprimé ses «graves inquiétudes» sur la politique du gouvernement qui selon elle renonce à ses promesses, notamment sur le dossier migratoire.
L’ex-ministre britannique des Transports Grant Shapps a été nommé ministre de l’Intérieur pour remplacer Suella Braverman. Le choix de Grant Shapps, 54 ans, envoie un signal d’ouverture, alors qu’il avait soutenu pendant la campagne le rival de Liz Truss pendant la course à Downing Street, l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak.
«Battante»
Le départ de Suella Braverman, s’il ne semble pas lié à une rébellion au sein du gouvernement comme celle qui avait poussé Boris Johnson au départ en juillet, tombe mal pour Liz Truss qui cherche à reprendre la main après la mise en pièces lundi, par son nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt, des baisses d’impôts massives qu’elle avait promises. Elle s’est montrée très combative à la mi-journée lors du rendez-vous hebdomadaire des questions au Parlement, test majeur pour sa capacité à rebondir, défendant sa politique face aux huées et aux appels à la démission de l’opposition travailliste. «Je suis une battante, pas quelqu’un qui abandonne», a-t-elle martelé.
«A quoi sert une Première ministre dont les promesses ne tiennent même pas une semaine?», a asséné le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, énumérant toutes les mesures que Liz Truss a dû abandonner. Après cette séance au Parlement, Liz Truss devait répondre aux questions de journalistes lors d’une visite d’une usine au nord de Londres, mais a dû annuler pour s’entretenir avec Mme Braverman. Cette dernière, une ancienne avocate, candidate malheureuse à la course à Downing Street cet été, est une conservatrice très à droite qui se retrouvait chargée du très sensible dossier des traversées illégales de la Manche, qui atteignent des niveaux record.
Chute dans les sondages
Selon un sondage YouGov, seul un Britannique sur dix a une opinion favorable de Liz Truss, un sur cinq chez les électeurs du parti conservateur. Et 55% des membres du parti majoritaire estiment que Liz Truss devrait démissionner, contre que 38% qui souhaitent qu’elle reste en poste. A deux ans des prochaines élections législatives, l’opposition travailliste terrasse les conservateurs dans les sondages. Désormais, six députés de son parti ont déjà publiquement exhorté Liz Truss à partir. Faute de successeur évident, les conservateurs sont toutefois réticents à s’engager dans un nouveau et long processus de désignation d’un nouveau leader, et sont à la recherche d’un consensus pour s’accorder sur un nom, mais semblent loin d’y parvenir.