FranceQuatre Nigérians jugés pour proxénétisme aggravé
Trois hommes et une femme devront répondre de faits de «traite d’êtres humains» et de «proxénétisme aggravé» en bande organisée à partir de mardi devant devant la cour d’assises du Val-de-Marne.
Après plus d’un an de report, quatre Nigérians comparaîtront à partir de mardi en appel devant la cour d’assises du Val-de-Marne pour proxénétisme aggravé en bande organisée et traite d’êtres humains, accusés d’avoir fait venir en France et prostitué de force plusieurs jeunes Nigérianes.
L’audience aux assises de Créteil avait commencé à se tenir en janvier 2022, mais avait dû être suspendue juste avant les réquisitions de l’avocat général car un des accusés avait contracté le Covid-19. Puis en septembre 2022, le procès avait de nouveau été renvoyé car une avocate de la défense, malade, était dans l’incapacité de représenter son client.
Les quatre accusés, trois hommes et une femme âgés de 27 à 40 ans, sont accusés d’appartenir à un réseau qui recrute, sur de fausses promesses, des filles originaires de l’Etat d’Edo (sud-ouest du Nigeria), organise leur émigration périlleuse jusqu’en Europe puis leur prostitution forcée en France.
Jeunes filles, souvent mineures
En juillet 2020, la cour d’assises de Paris avait reconnu l’existence d’un réseau nigérian de proxénétisme en bande organisée et de traite de jeunes filles, souvent mineures. Elle avait condamné Omos Wiseborn, au «rôle central», à 19 ans de réclusion, le couple Blessing Ubi et Dennis Brown à 15 et 13 ans et Emmanuel Aiwansosa à 10 ans, notamment pour avoir pratiqué des avortements sauvages.
Contactée, l’avocate d’Omos Wiseborn n’a pas souhaité s’exprimer avant le procès. Sa compagne, Miriam Wiseborn, était en fuite et visée par un mandat d’arrêt lors du procès en première instance. Elle avait été condamnée par défaut à 20 ans de réclusion.
Selon Me Catherine Delanoë Daoud, qui défend une des parties civiles, Miriam Wiseborn a été interpellée en Allemagne «il y a un an» et est depuis incarcérée en France. Elle ne sera pas rejugée mardi.
La jeune femme de 21 ans défendue par Me Delanoë Daoud n’est pas certaine d’assister à l’audience, souhaitant «oublier tout ça» et «tourner la page», selon son avocate.
«Les têtes pensantes»
«On juge les hommes, les têtes pensantes», les «organisateurs» d’un réseau, et «pas que les «mamas», ces anciennes prostituées devenues proxénètes», a souligné Me Kathleen Taieb.
Ses deux clientes, qui seront présentes malgré «la douleur», espèrent que «les peines de première instance seront confirmées».
En 2015, une première plainte est déposée par Grace*. La jeune Nigériane raconte aux enquêteurs avoir été forcée de se prostituer dans le bois de Vincennes dès son arrivée en France pour rembourser le coût de son immigration illégale établi à 35’000 euros par le réseau présumé. Elle avait 13 ans.
Avant d’immigrer, Grace a dit aussi avoir été soumise au rite du «juju», une «cérémonie rituelle consistant en une soumission, un engagement moral et religieux validant le devoir d’obéissance d’une femme envers son passeur» et sa proxénète pour le remboursement de sa dette, selon l’ordonnance de mise en accusation.
Une autre partie civile a également dénoncé avoir été sauvagement avortée alors qu’elle avait 14 ans. Elle a précisé avoir dû verser 700 euros à «l’étudiant infirmier» Emmanuel Aiwansosa, venu d’Italie.
Verdict prévu le 27 septembre.
*Nom connu de la rédaction