Mystère en Suisse: qui a bien pu acheter de l’or russe?

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Guerre en UkraineMystère en Suisse: qui a bien pu acheter de l’or russe?

Plus de trois tonnes d’or russe ont été importées en Suisse le mois dernier. Une première depuis le début de l’invasion.

Jonathan Zalts
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Jonathan Zalts
Outre l’identité de l’acheteur, l’origine de l’or soulève également des questions.

Outre l’identité de l’acheteur, l’origine de l’or soulève également des questions.

Getty Images/iStockphoto

Le bois, le ciment, le caviar: en reprenant un paquet de sanctions de l’UE en avril dernier, la Suisse interdisait l’importation de toute une série de biens qui constituaient une importante source de revenus pour la Russie. L’or, toutefois, ne faisait pas partie de la liste.

Reste que l’achat d’or russe est devenu un tabou depuis le début de la guerre en Ukraine. La London Bullion Market Association, autorité qui supervise le marché mondial des lingots, a en effet retiré les fabricants russes de sa liste d’accréditation suite à l’invasion.

Depuis la majorité des raffineurs ont renoncé à accepter de l’or en provenance de Russie. La Suisse avait elle aussi totalement arrêté les importations.

Plus de trois tonnes

Mais le tabou semble avoir été brisé. Selon Bloomberg, plus de trois tonnes d’or russe ont en effet été expédiées vers la Suisse en mai dernier, pour une valeur d’environ 200 millions de francs. Une première depuis le début de la guerre fin février. L’information a été confirmée par l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières, qui précise que l’or était destiné à des raffineries.

Et c’est là que le mystère demeure. En Suisse, les grandes raffineries sont toutes sous l’autorité de la London Bullion Market Association. Quatre d’entre elles traitent ensemble les deux tiers de l’or mondial: la raffinerie MKS, basée à Genève, Metalor Technologies, qui siège à Neuchâtel, Argor-Heraeus, basée à Mendrisio (TI) et finalement Valcambi, qui siège à Balerna (TI).

Cependant, toutes ont déclaré ne pas avoir acheté cet or. Contactée par la RTS, l’Association suisse des fabricants et commerçants de métaux précieux confirme également qu’aucun de ses membres n’est à l’origine de ces importations.

«Financement de la guerre»

Selon la RTS, l’or arrivé en Suisse était déjà raffiné à plus de 99,5%. Il y a dès lors un risque qu’il provienne directement des coffres de la Banque centrale russe, qui se trouve sous le coup des sanctions adoptées par l’UE et la Suisse.

«Il y a un risque que cet or participe directement ou indirectement au financement de la guerre en Ukraine», s’alarme dans La Matinale Marc Ummel, responsable pour les matières premières au sein de la fondation Swissaid. Et d’ajouter: «Si c’est la Banque centrale, il y a une violation claire des sanctions.»

Selon le spécialiste, l’or pourrait également servir à un oligarque pour du blanchiment d’argent. Il appelle dès lors le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) à faire toute la lumière sur cette affaire.

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