SuisseLa triple épidémie menace notre système de santé et les personnes âgées
La triple vague a déjà surchargé les hôpitaux, et cela juste au moment où les EMS et maisons de retraite pourraient cesser les tests Covid-19, non remboursés en 2023. Un risque non négligeable pour leurs résidents.
Grippe, bronchiolite (VRS) et Covid-19 ont déferlé sur le pays juste en cette période de Noël, et les hôpitaux sont déjà surchargés. Comme le rapporte la NZZ am Sonntag, les médecins du pays mettent en garde contre une surcharge du système de santé tout entier. Selon l’infectiologue Huldrych Günthard de l'Hôpital universitaire de Zurich, la situation pourrait rapidement basculer vers une pénurie de soins. Car la situation déjà est critique dans bien des cantons (lire encadré).
C’est dans cette situation critique que la Confédération va cesser, dès janvier, la prise en charge du coût du test Covid. Comme l’a communiqué l’OFSP vendredi dernier, seuls les tests de personnes qui se sont vu prescrire un «médicament antiviral Covid», c’est-à-dire qui se trouvent dans un état critique, seront pris en charge par la caisse maladie. Il s’agit d’une «charge supplémentaire pour les homes», déclare Daniel Höchli de l’association faîtière Artiste, une fédération des prestataires de services pour les personnes ayant besoin de soutien.
En effet, les tests répétitifs aident les maisons de retraite et les établissements médico-sociaux à détecter et à surveiller à temps l’évolution des infections dans leur établissement, explique-t-il. De plus, les tests permanents permettent également de mieux planifier le travail du personnel. Ce qui permet, surtout dans cette situation tendue, d’éviter les pénuries de personnel.
Appel aux cantons
La décision du Parlement a aussi déçu la Conférence des directeurs de la santé (CDS). «Nous aurions apprécié que l’on renonce à un changement de système abrupt, y compris pour la population, pendant la saison froide et que le financement des tests actuel soit prolongé au moins jusqu’à fin mars 2023», écrit la CDS à la NZZ am Sonntag.
Les associations de personnes âgées en appellent maintenant aux cantons afin qu’ils prennent en charge les coûts des tests répétitifs. Cela en particulier dans les maisons de retraite et les établissements médico-sociaux et, de manière générale, dans toutes les institutions médico-sociales dès le 1er janvier prochain. Mais la plupart des cantons ont émis des réactions négatives.
Seul Bâle-Ville, dont le président de la CDS Lukas Engelberger est le chef de la santé, fait exception: le Conseil d’Etat bâlois a demandé au Parlement environ 4,4 millions de francs pour les tests répétitifs. Dans la ville de Zurich, une alliance du PS et de la liste alternative exige même que le conseil municipal s’engouffre dans la brèche.
Hôpitaux en passe d’être paralysés
La triple épidémie est en passe de paralyser les hôpitaux dans la plupart des cantons. Comme le rapporte la NZZ am Sonntag, celui de Zurich atteint déjà un taux d’occupation hospitalière de 90% et ceux du canton de Berne sont occupés au maximum, rapporte le journal dominical. Côté romand, la situation est similaire. L’hôpital de Neuchâtel est ainsi déjà surchargé, alors que le Valais veut refuser des patients ou les transférer dans d’autres cantons en cas d’urgence et que les urgences de Genève et Lausanne sont sous haute tension. Une situation qui pourrait conduire à devoir repousser de plus en plus d’opérations non-urgentes dans bien des établissements hospitaliers, comme du temps de la pandémie de Covid-19.
Grippe: point culminant à Nouvel An
Selon l’infectiologue Huldrych Günthard de l'hôpital universitaire de Zurich ,l’apparition de l’épidémie de grippe dès début décembre – soit environ un mois plus tôt que les années d’avant la pandémie – pourrait se retourner contre la population. En effet, les jeunes et enfants en particulier n’ont parfois jamais connu le virus de la grippe, et donc pas pu développer d’immunité contre cette infection en raison des mesures de protection anti-Covid-19.
Le spécialiste s’attend à ce que la vague actuelle de grippe atteigne son point culminant aux alentours du Nouvel An, soit environ deux semaines après les embrassades familiales de Noël. «Nous ne pouvons qu’espérer que les personnes de plus de 65 ans et, espérons-le, quelques autres, se sont fait vacciner», conclut-il.