TennisÀ Roland-Garros, le retour du roi Rafael Nadal
Déchu l’année dernière par Novak Djokovic, l’Espagnol a reconquis son royaume parisien en dominant Casper Ruud (6-3 6-3 6-0) en finale. C’est son 14e titre à la Porte d’Auteuil et le 22e en Grand Chelem.
- par
- Jérémy Santallo Paris
Il y avait de l’émotion, beaucoup, mais du soulagement, surtout. Après 2 h 18 d’une finale à sens unique où il a écrabouillé un Casper Ruud qui a plié sous le poids de l’événement (6-3 6-3 6-0), Rafael Nadal s’est pris la tête dans ses mains à 17 h 30. Le toujours plus recordman de titres en Grand Chelem (22) – deux longueurs d’avance sur Novak Djokovic et Roger Federer désormais – a donc remporté Roland-Garros pour la 14e fois. Mythique.
Timide au service
Pour la première finale en Grand Chelem de sa carrière, à 23 ans, Ruud n’a pas été à la hauteur de l’événement. Si on peut dire que Nadal a été chercher le premier break avec panache, dès le deuxième jeu de la rencontre sur un passing de coup droit croisé que l’on a vu des milliers des fois, c’est le Norvégien qui lui a donné une seconde fois sa mise en jeu en commettant trop d’erreurs directes en coup droit. La nervosité, sans doute (3-1).
Sans être exceptionnel, voire carrément timide au service, l’Espagnol a plié le premier set (6-3) en 48 minutes avec quelques premières balles bien senties. Il aurait pu s’envoler dès le début du deuxième set mais a galvaudé deux balles de break qu’il tenait dans sa main: l’une sur une volée smashée dos au filet un peu courte, l’autre sur un coup droit décroisé qui a pris la direction du couloir. Les conséquences ont toutefois été minimes pour lui.
De 1-3 à 6-3
Déjà auteur d’un très vilain jeu en tout début de rencontre – avec deux doubles fautes –, Nadal en a lâché un autre pour se retrouver mené 1-3 dans la seconde manche. Mais au lieu de confirmer son break, Ruud est parti en vrille côté coup droit avant de se montrer d’une extrême passivité sur la balle de débreak à laquelle il faisait face. Deux jeux plus tard, il touchait mal une amortie de coup droit puis concédait le set sur une nouvelle double faute. 1-3, 6-3.
Mené deux sets à rien, le double tenant du titre du Geneva Open a vu la bande du filet ralentir son coup droit à 30A lors du second jeu de la troisième manche. Sur le point suivant, Nadal lui a porté le coup de grâce d’un revers croisé gagnant: 2-0, 5-0 et les premiers «E viva España» ont retenti. Une poignée de points plus tard, ce fut une véritable explosion de joie dans l’arène. Déchu l’année dernière, le roi venait de reconquérir son royaume.
«C’est très difficile de décrire ce que je ressens. Je ne croyais pas pouvoir être là, à 36 ans, à nouveau compétitif dans le tournoi le plus important de ma carrière», a réagi «Rafa», son trophée au bras lors de son discours, avant de lâcher une dernière phrase: «Je ne sais pas ce qui va se passer dans le futur, mais je vais me battre pour continuer!» De quoi gentiment balayer les rumeurs de retraite qui parcouraient le site parisien depuis 24 heures?
Pour la première fois de sa carrière, Nadal a donc remporté l’Open d’Australie et Roland-Garros la même année et devient ainsi le plus vieux joueur à soulever la coupe des Mousquetaires – le record de son compatriote Andres Gimeno (34 ans et 10 mois) tenait depuis 50 ans. Au passage, il a battu quatre top 10 (Auger-Aliassime, Djokovic, Zverev et Ruud). Seuls Mats Wilander (1982) et Roger Federer (2017) l’avaient fait avant lui. Immense.