InterviewCharlotte Cardin: «Céline Dion occupe une grande place dans ma vie»
La Montréalaise de 28 ans a ouvert la 57e édition du festival, vendredi. Rencontre quelques heures avant son concert pour parler de sa diva préférée, Jim Carrey et de son futur disque.
- par
- Fabio Dell'Anna
Elle a comme un air de Liv Tyler avec encore plus de douceur lorsqu’elle s’exprime. Charlotte Cardin a inauguré vendredi 30 juin la scène de la Terrasse Ibis lors de la 57e édition du Montreux Jazz Festival. La voix jazzy et pop de la Montréalaise de 28 ans a conquis le public pour qui elle a surtout joué des morceaux de son deuxième album, à sortir fin août.
L’ex-candidate de «La Voix» au Canada en a fait du chemin depuis sa troisième place dans le télé-crochet en 2013. Son premier disque «Phoenix» a été un véritable succès, le président des Etats-Unis, Joe Biden, adore sa musique et elle a été sacrée artiste de l’année lors des Prix Juno (les Grammy canadiens) en 2022.
C’est dans un hôtel montreusien, alors que la pluie tombe, que Charlotte Cardin nous parle notamment de son futur album, de Céline Dion, mais aussi de Jim Carrey, dont elle est fan.
Comment vous sentez-vous?
C’est notre première fois au Montreux Jazz et le cadre est magnifique. J’ai hâte d’y jouer. Je vais aussi présenter plusieurs inédits de mon futur disque. Je suis dans un très bon état d’esprit.
En fouillant sur vos réseaux sociaux, on découvre une vidéo de vous enfant en train de chanter un titre de Céline Dion. Quelle place a-t-elle dans votre vie?
Elle occupe une grande place dans ma vie parce que j’ai grandi en écoutant énormément sa musique. J’ai appris à chanter en essayant d’imiter tout ce qu’elle faisait avec sa voix. Ça a vraiment été mon premier gros coup de cœur musical. C’est drôle, car à tous mes concerts de cours de chant, je chantais systématiquement une chanson de Céline. Après mon 12e récital, ma prof m’a dit: «Cela ne te tenterait pas d’interpréter autre chose?» Je n’en avais pas du tout envie. (Rires.) J’ai quand même fini par choisir un titre de Michael Bublé.
Vous avez également une passion pour Jim Carrey…
(Rires.) Oui. Jim Carrey est quelqu’un que je trouve absolument brillant, fascinant et éloquent. Je me suis retrouvée à tomber dans un vortex où j’ai regardé toutes ses interviews où il parle de l’ego. Il explique comment nos peurs nous font construire des personnages qui nous empêchent d’avancer dans la vie, car nous avons peur de nous faire juger. Et pourquoi au final? Pour plaire aux autres? C’est vraiment extraordinaire de l’entendre parler de ce sujet. J’ai ensuite écrit une chanson sur ce thème qui s’appelle «Jim Carrey» et qui sera sur le prochain album.
Votre deuxièAlbum qui va sortir le 25 août. Que pouvez-vous nous dire?
Il porte le nom de «99 Nights» car il a été créé au fil d’un été. Je traversais plein de choses à ce moment-là. On a commencé à écrire plusieurs chansons avec mes amis en studio. C’était vraiment mes moments d’échappatoire pendant cette période aigre douce. Je pense d’ailleurs que ce côté un peu sweet and sour ressort beaucoup, mais le projet reste hyper ancré dans le moment présent. On essayait de ne pas trop se poser de questions en écrivant. Je voulais juste un peu encapsuler les situations que je vivais. Au final, ce disque est un peu un journal.
Le deuxième album, c’est celui de la pression, comme on dit. Cela vous correspond?
On m’a beaucoup posé la question, mais je ne le vois pas comme ça. Mon premier disque, «Phoenix», a été très bien reçu, mais je suis très excitée de présenter ces chansons. C’est une autre partie de moi que je suis ravie de partager. Alors non, je ne le vois pas comme un gros coup de pression.
Votre premier single, «Confetti», parle de votre côté introverti. Avez-vous appris à l’apprivoiser?
Oui, carrément. C’est une partie de moi que j’ai appris à apprivoiser, mais je le ressens toujours. Avec mon métier, je ne peux pas me permettre d’être toujours seule. Je suis souvent entourée de plein de monde et j’arrive à recharger mon énergie seulement en solitaire. Beaucoup de gens retrouvent leur énergie quand ils sont entourés. Moi, quand je suis dans des contextes de grande fête où il y a beaucoup de bruit et de la foule, je peux être assez anxieuse.
Avec le titre «99 Nights» vous évoquez un partenaire distant.
Exact, mais ce n’était pas le but premier. Quand on a fait la maquette, on s’adressait à la vie, pas à quelqu’un en particulier. Cela disait que, pendant 99 nuits, je me sentais déconnectée et je me posais plein de questions. Je demandais d’abord à la vie de me donner un signe pour que je me sente mieux. On a continué à travailler sur le texte, et c’est naturellement devenu un titre dans lequel je m’adresse à un partenaire.
Vous venez aussi de collaborer avec le groupe allemand Milky Chance sur le titre «History of Yesterday». Comment vous êtes-vous rencontrés?
Il y a deux ans, j’ai reçu un message sur Instagram de Milky Chance qui me disait: «On adore ta musique, on devrait collaborer.» J’étais à Paris à ce moment-là et je leur ai dit: «Je ne suis pas loin de Berlin, on pourrait se voir la semaine prochaine.» Trois jours après, j’ai pris un vol. (Elle fait une pause.) Parfois, il y a des rencontres où on a l’impression de connaître des étrangers depuis toujours. Et c’est vraiment le sentiment que j’ai eu avec Phil et Clemens. On a écrit la chanson en une journée et demie. La deuxième journée, on l’a enregistrée. Les étoiles étaient alignées et ils sont devenus mes potes. On s’est revu plein de fois depuis. Quand ils sont venus jouer à Montréal je suis montée sur scène avec eux. C’est une belle rencontre et une belle collaboration dont je suis fière.