FootballCommentaire: c’est déjà la saison de taper sur le football!
Tous les deux ans c’est pareil, tout le monde s’intéresse aux grands tournois. Cette fois, le Mondial au Qatar a fait réagir bien plus tôt et ce n’est pas franchement une bonne nouvelle.
![Robin Carrel](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/6195f75f-7d76-4089-b966-d055c0bb7929.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1738%2C1739&fp-x=0.5540851553509781&fp-y=0.3461759631972398&crop=focalpoint&s=462b789191e88e96f64f8445f1d271a6)
![](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/34599310-e2fc-4fd1-91da-1db024384eba.png?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C988%2C593&fp-x=0.5&fp-y=0.5008431703204047&s=0fea5582ebf38711b33503a783c85825)
L’épisode a un peu d’avance cette année. Tous les deux ans, le grand public - et donc les politiciens, forcément - s’intéresse épisodiquement au football, lors des Euros ou des Coupes du monde. Tout à coup, tout le monde a un avis sur la chose footballistique et c’est vraiment très dur à supporter pour les «vrais». Une nuée d’apprentis Footix donnent leur avis sur les grandes compétitions, avant de s’intéresser à un autre sujet dès que ce n’est plus tout à fait super de s’instagrammer avec les drapeaux du pays de ses arrières grands-parents sur les joues.
Ça, on en a l’habitude.
![Footix. Footix.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/93ca285c-83f8-4c3b-8426-00f35bdcc04f.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C1024%2C862&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=d8defe4c04ff1ed710f8cbd81a3723d5)
Footix.
AFPCette année, alors que le Mondial commence dans un peu plus de six semaines, les opportunistes de la sphère en cuir ont commencé à sévir bien en amont chez nos voisins français et la vague devrait envahir la Suisse sous peu, ne vous inquiétez pas. À moins qu’un pays tel que le nôtre, qui a aussi «importé» pas mal d’ouvriers qui sont allés mourir pour nous construire nos barrages - au hasard, un accident en 1965 à Mattmark (VS) a tué 56 Italiens, 23 Suisses, quatre Espagnols, deux Allemands, deux Autrichiens et un apatride… - sache un tantinet raison garder. Ce serait pas mal.
L’exemple le plus patent? Certainement la ville de Paris. Sans le Qatar, le PSG nous faisait rire jusqu’aux Guignols de l’Info, mettait Ronaldinho sur le banc des remplaçants, jouait le maintien et Guillaume Hoarau, Charles-Édouard Coridon, Vikash Dhorasoo, ainsi que Jérôme Rothen étaient parmi ses plus grandes «stars». Depuis l’arrivée de Qatar Sports Investments, il joue à Football Manager en vrai, mais en bidouillant la base de données et en dribblant le fair-play financier pour se payer tout ce que ce sport compte de stars d’accord de venir en Ligue 1, mais seulement pour un salaire indécent.
La France est le deuxième pays européen dans lequel le Qatar investit le plus, avec des participations de 25,3 milliards d’euros en 2019. Le pays du Golfe y possède 42 entreprises par le biais de participations directes ou de sociétés gérées pour la plupart par le fonds souverain Qatar Investment Authority (avec là au milieu des parts dans LVMH, Balmain, Valentino, Le Printemps, TotalEnergies, Airbus, Accor, beIN Sports…). Le Qatar possède aussi, entre autres, 35’000 m2 sur les Champs-Élysées, dont la galerie commerciale Élysée 26. Les Qataris bénéficient en France d’un régime fiscal particulier: ils sont exonérés de taxe sur les plus-values immobilières. Par ailleurs, un Qatari ne paie pas d’impôt sur la fortune durant ses cinq premières années de résidence.
Mais aller jouer au foot chez eux, pouark!
Malgré tout ça, Paris, comme beaucoup d’autres cités françaises, a décidé de surfer sur cette Coupe du monde horrible à pas mal de points de vue pour se donner bonne conscience. Ainsi, Marseille, Lille, Bordeaux, la «Ville Lumière» et compagnie ont choisi de ne pas mettre en place de fan zones, «boycottant» ainsi le «Mondial de la honte». La future pénurie de gaz, de pétrole et d’électricité n’y serait pour rien. Comme le fait qu’il risque bien de pleuvoir et de faire moins de 10 degrés. Mais ça, ça n’a rien à voir non plus, hein. Des politiciens qui se laveraient donc l’image à bon compte? Dites-moi pas que c’est pas vrai!
Que tout soit bien clair: non, une Coupe du monde au Qatar, c’est pas bien. Il y avait certainement une bonne cinquantaine de nations autour de la planète où développer les équipements et la culture footballistique plutôt que dans cet état de 11’571 km2, soit environ deux cantons de Berne. En novembre, en plus, avec des stades avec la clim' intégrée, qui ont coûté la vie, à peu près, au nombre de spectateurs d’un match du Servette FC à la Praille la saison dernière.
Vous vous rendez compte du truc? Vous oui, parce que ça fait un poil moins de douze ans que la Coupe du monde y a été attribuée et que vous êtes au courant depuis des lustres. Les politiciens et le grand public, lui, commencent à agiter leurs petits poings depuis quelques jours seulement. Les femmes et hommes politiques parce que ça les arrange bien et que ça permet de faire des économies sur ces gueux de fans de foot et le citoyen lambda parce que c’est devenu la mode de s’offusquer sur les réseaux sociaux pour tout, rien et surtout ce qu’on ne maîtrise pas. Et puis si ça peut faire culpabiliser les autres en prime, c’est toujours ça de gagné.
J’avoue, le jeu de ballon au pied donne le bâton pour se faire taper dessus très fort, et pas seulement de l’autre côté du Jura. J’écris ça sans avoir peur de me faire marabouter. Mais voir débouler en rangs serrés les donneurs de leçons, alors que le vrai fan de foot est en dépression depuis plus d’une décennie à cause de cette Coupe du monde qatarie, ça rend nerveux.
Alors quand, en plus, les politiciens s’en mêlent, ça donne des commentaires comme celui-ci.