Hockey sur glaceDaniel Audette retrouve le LHC avec «une motivation supplémentaire»
L’attaquant québécois du HC Ajoie, exfiltré dans le Jura durant l’été par les dirigeants vaudois après un championnat décevant, est excité à l’idée d’affronter son ancienne équipe, ce vendredi, à Porrentruy.
- par
- Chris Geiger
C’est l’heure des retrouvailles pour Daniel Audette. Le Canadien du HC Ajoie s’apprête à revoir plusieurs visages bien connus, ce vendredi soir (19h45) à Porrentruy, puisque sa nouvelle formation reçoit le Lausanne HC. C’est surtout l’occasion pour le joueur de centre de démontrer aux supporters vaudois que l’impression laissée la saison dernière à Malley n’était pas la bonne.
Car le Québécois de 27 ans, auteur de 21 points (10 buts) en 42 sorties sous le chandail des Lions, n’a clairement pas répondu aux attentes dans la capitale olympique. Celles du public, mais aussi celles de ses désormais ex-dirigeants. La preuve: les deux parties étaient initialement liées jusqu’au terme du présent championnat. Daniel Audette a finalement trouvé une porte de sortie aux couleurs jurassiennes.
L’échec de l’attaquant de poche (175 cm, 75 kg) à la Vaudoise aréna résulte-t-il d’une erreur de casting? «Ce n’est pas nécessaire de faire une analyse ou de mettre un terme sur cette transaction, coupe court John Fust, le directeur sportif du LHC. La fin de l’aventure s’est faite de manière très professionnelle entre les deux côtés et il n’y a aucune animosité. Mon fils s’est d’ailleurs entraîné avec lui à Montréal durant tout l’été. Son départ? C’est simplement le business du hockey. Il a une meilleure chance d’avoir du succès à Ajoie qu’à Lausanne car il bénéficie de plus de temps de glace et de responsabilités. On lui souhaite le meilleur pour l’avenir.»
Celui-ci s’écrit désormais à la Raiffeisen Arena, mais il reste quelque peu lié au LHC jusqu’à l’été prochain. Échéance à partir de laquelle le club vaudois sera libéré financièrement du contrat de Daniel Audette. Des détails administratifs qui ont forcément dû compter lorsque le Canadien a accepté de quitter Lausanne pour relever le défi proposé par Julien Vauclair. Mais pas seulement.
Gauthier en entremetteur
«Un de mes bons amis, Frédérik Gauthier, jouait déjà ici la saison dernière, détaille le principal intéressé. J’ai eu beaucoup d’informations positives de sa part. Ajoie s’est intéressé à moi et était prêt à me donner du temps de glace et l’opportunité de jouer. En ce sens, j’ai estimé que cette décision pouvait être bonne pour ma carrière.»
Les dirigeants ajoulots ont tenu parole puisque l’attaquant passé par la Finlande (Lukko/Liiga), la Russie (Vityaz Podolsk/KHL) et la Suède (Örebro/SHL) est le joueur le plus utilisé par l’entraîneur Christian Wohlwend. Daniel Audette reconnaît d’ailleurs s’être bien acclimaté à sa nouvelle vie jurassienne, où il réside avec sa conjointe.
«C’est un canton très accueillant, sourit-il. De temps en temps, certaines personnes me disent coucou à la Coop ou à l’épicerie. Les messages sont toujours positifs et teintés d’encouragements. Globalement, il n’y a toutefois pas beaucoup de gens, ni de trafic. Ce n’est pas une place très stressante où vivre, ce que j’apprécie.»
Une région calme qui rappelle à l’ancien Lausannois sa ville natale au pays. «Je viens de Blainville, qui se situe à environ 45 minutes de Montréal, note-il. C’est davantage une banlieue, où il y a des maisons et de la forêt. Ce n’est peut-être pas non plus autant montagneux qu’ici, mais le Jura me donne une idée de la maison. Les Québécois au sein de l’équipe aussi. On peut avoir des discussions sur ce qu’il se passe là-bas. Un aspect que je trouve cool.»
Car le HCA est le seul club de l’élite à continuer de miser sur une fraction étrangère issue exclusivement d’Amérique du Nord. Si le défenseur T.J. Brennan possède la nationalité américaine, Guillaume Asselin, Philip-Michael Devos, Frédérik Gauthier, Éric Gélinas et Jonathan Hazen disposent tous, à l’instar de Daniel Audette, d’un passeport à la feuille d’érable. Un pari qui a, pour l’heure, du plomb dans l’aile.
«Les résultats ne suivent pas et, lorsqu’une équipe est en difficulté, ce sont souvent les étrangers qui sont pointés du doigt, reconnaît Julien Vauclair, le directeur sportif ajoulot. Mais on est satisfaits des performances individuelles de Daniel jusqu’à maintenant. Il se procure beaucoup d’occasions. Il a simplement un petit manque de confiance. Au niveau des points, on pourrait s’attendre à un peu plus (ndlr: deux buts et trois assists en dix sorties). Mais il joue très bien. De toute manière, c’est un joueur qui a le style pour les grandes patinoires européennes car il est très mobile et possède un très bon patinage.»
Le No 88 de la Vouivre compte bien démontrer les qualités énumérées par son dirigeant, ce vendredi soir, face à ses anciennes couleurs. Une partie en vue de laquelle ses sentiments s’entremêlent.
Attente et pression à Lausanne
«C’est toujours étrange et une petite motivation supplémentaire que d’affronter du monde avec qui tu as joué toute la saison précédente, confie-t-il. Mais c’est excitant de jouer pareil match. J’ai d’ailleurs de petites conversations, de temps en temps, avec des gars de l’autre équipe afin de garder contact. Lausanne a été une belle place pour vivre, où j’ai été bien accueilli. Comme première année en Suisse, ça a été définitivement intéressant. Il y avait en plus une belle aréna et une grosse foule. Mais il y avait aussi beaucoup d’attente et de pression autour de l’équipe.»
Libéré de celles-ci, Daniel Audette espère jouer un rôle en vue face aux Lions, histoire de mettre un terme à la spirale négative – six revers de rang – des Jurassiens. Histoire également de se rappeler au bon souvenir des fans vaudois.