Football: Au LS, une envie de spectacle à faire vivre sans Alvyn Sanches

Chaque match de Super League est suivi d’un instant où les deux entraîneurs sont invités à détailler leur ressenti sur la rencontre écoulée. Avant d’évoquer, si le cœur leur en dit, un ou deux sujets chauds du moment. Dimanche à la suite du derby lausannois, Ricardo Dionisio a profité de ses premiers mots pour congratuler son homologue et, globalement, tout le secteur offensif du Lausanne-Sport. Ce genre de félicitations sont assez courantes dans ce contexte, ce qui n’enlève rien à la classe dans la défaite du nouvel entraîneur de Stade Lausanne Ouchy. Les premiers mots de Ludovic Magnin? «J’aurais aimé qu’on offre plus de spectacle aux 7000 spectateurs venus nous voir (ndlr: 6672 pour être précis).» Classe aussi. Mais!

Cela ne vous fait pas tilt? Alors voilà: Ludovic Magnin a passé sa première saison sur le banc du Lausanne-Sport, l’an dernier, à s’agacer de ces Vaudois - fans assidus, plus occasionnels, ou médias – qui réclament du jeu en plus des résultats. Parce que globalement, le LS version 2022/2023 s’en est souvent mieux tiré sur le plan comptable que dans la conquête des cœurs. De cette situation a fini par découler une certaine incompréhension entre l’entraîneur et les suiveurs du club. Sans mener pour autant à une situation irréconciliable. 

Le fait est que depuis sa promotion en Super League, le Lausanne-Sport joue mieux. Ce qui n’est pas complètement paradoxal, sachant que le projet lausannois a toujours tourné autour de la volonté de posséder une équipe compétitive en première division. En prime, le pensionnaire de la Tuilière obtient désormais des résultats sensationnels, avec ses 14 points glanés sur les 18 derniers à prendre. Et voilà que Ludovic Magnin se met à parler de résultats ET de spectacle. 

Ce que cela traduit demeure à présent de l’ordre de l’hypothèse. Le technicien d’Échallens a-t-il évolué dans sa façon de voir les choses, procédant à une remise en question très personnelle? Un certain charme repose dans cette idée. Une autre version, beaucoup plus terre à terre, voudrait simplement que ce LS désormais assez éloigné de toute forme de pression et engagé dans une spirale positive se cherche de nouveaux défis. Dont celui de la beauté du jeu. Qui, il est vrai, a parfois fait faux bond au derby de dimanche. Sans que cela en fasse une rencontre ennuyeuse pour autant.

La troisième hypothèse fait entrer en scène l’un des seuls grands malheureux du Lausanne-Sport actuel: Alvyn Sanches. Dimanche, le club a finalement donné des nouvelles de la situation de son talentueux milieu formé au Team Vaud, qui s’est blessé au genou avec l’équipe de Suisse M21 en début de semaine. C’est grave. La célébration de Brighton Labeau, qui est allé chercher un maillot de son jeune coéquipier après avoir inscrit l’unique but du derby, ne laissait présager aucune autre issue.

«Si on n’a pas encore communiqué concernant Alvyn, c’est parce qu’on attend les détails d’une éventuelle seconde voie de guérison pour lui et son genou. Quelle qu’elle soit, son absence se comptera en mois», a soupiré son coach, bien conscient d’une chose. De par sa capacité à surprendre et sa technique au-dessus de la moyenne, Alvyn Sanches représente l’un des atouts spectacle du LS.

Parler d’un Lausanne-Sport qui n’a pas offert suffisamment de plaisir à son public peut donc aussi ressembler à une forme d’hommage. Cela revient à concéder qu’à peine parti, Alvyn Sanches manque déjà. Et que si Lausanne entend continuer à jouer avec succès sur deux tableaux, il devra trouver un moyen de vivre sans lui. Sur le long terme.