SalvadorManifestation contre le projet de réélection de Nayib Bukele
Le président salvadorien Nayib Bukele a annoncé en septembre sa candidature à sa réélection en 2024, ce qui est normalement impossible au Salvador.
Des centaines de Salvadoriens ont manifesté vendredi pour dénoncer la volonté de réélection du président Nayib Bukele à la fin de son mandat unique, et la détention d’«innocents» dans la lutte qu’il mène contre les groupes criminels. «Non à la réélection», «pas un jour de plus», était inscrit sur les pancartes brandies par les manifestants qui ont défilé en ce jour de fête de l’Indépendance.
«Nous marchons dans l’unité pour dire non à la réélection», a déclaré à la presse Sonia Urrutia, dirigeante du collectif du Front populaire de résistance et de rébellion. Dans le cortège, le juge Juan Antonio Duran a affirmé que «la réélection est absolument interdite» par la Constitution.
Le président salvadorien, 42 ans, avait annoncé en septembre sa candidature à sa réélection en 2024. Cette annonce avait relancé le débat sur la compatibilité d’une telle décision avec la Constitution, rendue possible par un arrêt polémique de juges de la Cour suprême nommés par la majorité parlementaire favorable au chef de l’État.
Avance considérable
En septembre 2021, la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême avait interprété un article de la Constitution permettant à Nayib Bukele de se représenter. L’interdiction constitutionnelle de se présenter à un second mandat consécutif a pourtant toujours été jusqu’ici respectée par ses prédécesseurs.
Les sondages donnent une avance considérable à Nayib Bukele. Mais si neuf Salvadoriens sur 10 approuvent l’action du chef de l’État qui a chassé les bandes criminelles des rues, sa méthode expéditive s’attire les critiques des organisations de défense des droits humains et de l’Onu, et des analystes s’inquiètent de le voir gouverner sans partage et sans contre-pouvoir.
En vertu de l’état d’urgence qu’il a décrété et autorise les arrestations sans mandat judiciaire, le gouvernement a emprisonné quelque 72’600 personnes soupçonnées d’appartenir à des gangs. Selon les autorités, quelque 7000 personnes indûment arrêtées ont été libérées. Dans la manifestation, Patricia Santamaria tenant une photo de son fils Alex Ernesto, 34 ans, demande sa remise en «liberté parce qu’ils le détiennent injustement depuis le 2 décembre 2022. Il a un casier judiciaire vierge», a-t-elle assuré