Football: Denis Zakaria a peut-être fait basculer son destin à Chelsea

L’adversaire n’était certes pas un mastodonte. Et N’Golo Kanté, Mateo Kovacic ainsi que Ruben Loftus-Cheek manquaient à l’appel. Il n’empêche. Vu la tournure qu’a prise la saison de Denis Zakaria jusqu’à présent, sa performance face à Bournemouth ce mardi soir (2-0) ne peut être que saluée.

Le milieu de terrain genevois de 26 ans a profité de ces absences pour être aligné d’entrée. Il ne s’agissait que de sa troisième apparition avec Chelsea depuis son arrivée en prêt, à la toute fin du mercato d’été, la toute première en championnat. Et il a répondu présent.

Habitué à mettre en place un 3-4-2-1, Graham Potter - qui a remplacé Thomas Tuchel sur le banc londonien début septembre - a cette fois changé son fusil d’épaule, passant dans un 4-2-3-1 où Zakaria et Jorginho formaient un double pivot devant la défense. Le second nommé s’est déployé dans son rôle habituel, celui d’organisateur de jeu reculé. À ses côtés, l’international suisse a agi de manière complémentaire. Il a touché presque moitié moins de ballons (41 contre 74), s’est beaucoup moins inséré dans les circuits de passe (33 transmissions tentées contre 67), mais il a œuvré à équilibrer le bloc.

Les phases de pressing haut en sont l’illustration. Pendant que Jorginho grimpait d’un cran pour venir en soutien des quatre attaquants, Zakaria restait en couverture.

L’ancien joueur du Borussia Mönchengladbach a globalement brillé par son travail sans ballon. Il s’est parfaitement adapté à l’organisation adverse: disposé en 5-3-2, Bournemouth s’est démené à gêner la relance des Blues en installant une égalité numérique dans le cœur du jeu. Marqué à la culotte une bonne partie du match par Philip Billing, Zakaria a orienté ses déplacements dans le but de créer des espaces pour ses partenaires. Le latéral droit Reece James en a largement profité sur son côté. Tout comme Mason Mount, à l’origine du premier but à la 16^e minute.

Par ailleurs, Denis Zakaria a pu représenter une menace offensive dans certaines situations. Plus précisément lorsque ses coéquipiers débordaient et qu’il se positionnait en retrait, autour de la surface. «Il y a une chose que nous devrions commencer à considérer davantage: de plus en plus de buts interviennent à la suite de passes en retrait, écrivait récemment Juanma Lillo, ancien assistant de Pep Guardiola à Manchester City, pour «The Athletic». À Manchester, j’avais l’habitude de dire que le dernier joueur à arriver dans la surface était le mieux placé pour tirer. Les équipes sont tellement préoccupées par le contrôle des espaces proches de leur but que le danger vient désormais de plus loin.»

Mardi soir, Zakaria s’est procuré deux occasions par ce biais. Le même qui lui avait permis de faire trembler les filets contre le Dinamo Zagreb en Ligue des champions le 2 novembre.

Enfin, le Genevois a agrémenté sa prestation d’une belle activité défensive, entre des interventions salvatrices (à l’image de ce tacle à la 37^e pour enlever le ballon à Jordan Zemura, qui filait en un contre un avec Kepa Arrizabalaga), des balles grattées et des espaces fermés.

Paradoxalement, le principal intéressé s’est dit insatisfait de sa rencontre: «J’aurais dû mieux jouer.» Ce qu’il a donné à voir rassure sur son niveau, lui dont le temps de jeu avant cette rencontre s’élevait à 319 minutes à peine (club et sélection confondus) depuis début septembre, et son état d’esprit. «Je reste positif, assurait-il mi-décembre. Je dois encore améliorer certaines choses et montrer à l’entraîneur ce dont je suis capable. Je travaille dur pour avoir ma chance dans ce grand club.»

Ces dernières semaines, le bruit courait en Angleterre que Chelsea ne lèverait pas l’option d’achat de Zakaria en fin de saison, voire qu’il pourrait être renvoyé à la Juventus dès cet hiver. Avec les retours à venir de Kovacic et Loftus-Cheek, rien ne dit que le Suisse trouvera davantage grâce aux yeux de Graham Potter. Alors, le match de mardi soir constituait-il les prémices du rebond ou une parenthèse enchantée?