ÉgypteLe procès d’Alaa Abdel-Fattah, icône de la révolution, s’ouvre au Caire
Le détenu le plus connu d’Égypte, son ex-avocat et un blogueur sont tous trois poursuivis depuis lundi pour leur implication dans la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak en 2011.
Le procès du détenu politique le plus connu d’Égypte, Alaa Abdel-Fattah, figure centrale de la révolte de 2011, et de deux autres militants s’est ouvert lundi devant un tribunal d’exception au Caire, a indiqué l’avocat d’Alaa Abdel-Fattah.
Après plus de deux ans passés en détention préventive, Alaa Abdel-Fattah a été formellement inculpé avec son avocat d’alors Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim – alias «Oxygen» – de «diffusion de fausses informations et rumeurs à l’intérieur du pays et à l’étranger», a précisé Me Khaled Ali.
Le Tribunal correctionnel d’urgence de la Sûreté d’État, dans l’est du Caire, a ensuite renvoyé l’audience au 1er novembre pour des questions de procédure, selon l’avocat.
Surnommé «l’icône de la révolution» qui a chassé en 2011 l’ex-président Hosni Moubarak du pouvoir, Alaa Abdel-Fattah, détenu à l’isolement, a été transféré «seul dans un camion blindé» de la prison de haute sécurité de Tora au tribunal, selon un message écrit sur Twitter par sa sœur Mona Seif.
Verdict sans appel possible
La défense n’a pas eu accès aux éléments du dossier, a-t-elle ajouté, dénonçant une volonté des autorités de «boucler (cette affaire) rapidement devant une cour d’exception dont les verdicts ne peuvent faire l’objet d’appels».
D’après sa famille, Alaa Abdel-Fattah – qui a passé, au total, sept ans derrière les barreaux depuis 2013 – avait exprimé des envies suicidaires lors de la dernière audience de renouvellement de sa détention, mi-septembre. Mona Seif a toutefois affirmé qu’il semblait «psychologiquement mieux» lundi.
Lui et son avocat Me Baqer avaient été emprisonnés dans un grand coup de filet en septembre 2019 après de rares manifestations contre le président Abdel Fattah al-Sissi.
Une répression sans merci
Amnesty International a dénoncé les «conditions cruelles, inhumaines et dégradantes» dans lesquelles sont détenus les deux hommes qui ont été ajoutés à la liste «terroriste» du Caire fin 2020.
Mohamed Ibrahim, fondateur du blog «Oxygen Egypt», avait lui aussi été arrêté en 2019 après avoir publié sur les réseaux sociaux des vidéos sur des manifestations antigouvernementales, selon la même ONG.
Depuis son arrivée au pouvoir il y a huit ans, le président Sissi mène une répression sans merci contre toute opposition. Selon des ONG, l’Égypte compte environ 60’000 détenus d’opinion.