Dérèglement climatique: les montagnes suisses se rapetissent

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Alpes suissesDérèglement climatique: nos montagnes se rapetissent

Les hauts sommets alpins suisses recouverts de glace en permanence ont perdu entre un et 29 mètres de hauteur depuis 1960, la faute au changement climatique.

Des sommets comme l’Eiger ou la Jungfrau ont rétréci au cours des dernières années.

Des sommets comme l’Eiger ou la Jungfrau ont rétréci au cours des dernières années.

20min/Bruno Petroni

En plus des glaciers, le réchauffement climatique fait aussi rétrécir nos montagnes culminant à 4000 mètres et plus, rapporte la «SonntagsZeitung». Elle se base sur les mesures des sommets alpins qu’établit l’Office fédéral de topographie (Swisstopo) depuis 1960. Résultat: sur les quelque deux douzaines de sommets recouverts de glace en permanence, presque tous (lire encadré) ont perdu entre un et 29 mètres de hauteur entre 1960 et 2023.

L’emblématique Jungfrau, par exemple, s’est vu rétrécir de 8 mètres et ne culmine plus qu’à 4158 m. Le Pigne d’Arolla affiche quant à lui une perte de 15 mètres (3781 m en 2023), soit la troisième plus importante enregistrée. Avec 29 mètres évaporés (4434 m en 2023), c’est la Pointe Parrot (massif du Mont-Rose) qui a le plus rapetissé. 

Zéro degré à plus de 5000 m

Matthias Huss, glaciologue à l’EPFZ, explique que la dynamique due au changement climatique sur les hauts sommets est différente de son effet sur les glaciers déjà fortement impactés. En haute altitude la glace des sommets est intacte depuis des milliers d’années. Et leur hauteur aurait même pu augmenter en partie grâce aux précipitations supplémentaires sous forme de neige.

Mais, même si haut, le processus de fonte a commencé ces dernières années, déplore le spécialiste. «L’été dernier, la limite du zéro degré est restée plusieurs jours au-dessus de 5000 mètres», illustre-t-il. Nous avons atteint ces dernières années un point de basculement à partir duquel les choses vont très vite», ajoute-t-il.

Alpinisme plus risqué

En plus des conséquences clairement observables pour les montagnes, la «SonntagsZeitung» relève que la fonte des glaciers et celle des sommets rendent l’alpinisme plus exigeant. Des guides de montagne interviewés par le journal zurichois confirment ainsi que la fonte des calottes glaciaires des sommets rend leur travail plus délicat et l’alpinisme plus risqué aujourd’hui.

L’irréductible Mönch est le seul à grandir

Comme le constate la SonntagsZeitung, seul le sommet du Mönch, dans l’Oberland bernois a gagné 11 m d’altitude (de 4099 à 4110 m) depuis 1960. Yann Roulet, gardien de la cabane du Mönchsjoch, l’explique par la situation géographique particulière de la montagne: sise à la limite nord de la crête principale des Alpes, de violentes tempêtes combinées à d’énormes quantités de précipitations amassent de la neige à son sommet. C’est ce microclimat particulier qui a fait grandir le Mönch.

(ewe)

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