Commentaire: Relations Suisse-France: comme un grand froid

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CommentaireRelations Suisse-France: comme un grand froid

Certains tentent de pourrir les relations entre la Suisse et la France dans l’affaire du tourisme de l’essence à Genève. Mauro Poggia s’en inquiète, à juste titre.

Eric Felley
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Eric Felley
L’illustration parue sur le blog de Mauro Poggia jeudi.

L’illustration parue sur le blog de Mauro Poggia jeudi.

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Sur son blog de «La Tribune de Genève», le conseiller d’État Mauro Poggia a répondu une nouvelle fois jeudi aux accusations françaises concernant les frontaliers suisses, qui profiteraient de la ristourne de l’État français sur le prix de l’essence. Mardi, ce sont les deux grandes chaînes françaises TF1 et France 2 qui ont traité le sujet aux journaux de 20 heures, faisant passer le sujet d’une polémique régionale à un enjeu national.

«L’essence du bon voisinage»

Si le sujet a été traité de manière correcte par les chaînes françaises, il n’en reste pas moins que l’idée du riche suisse opportuniste, qui profite de la générosité de l’État français, s’insinue dans les esprits. Mauro Poggia s’est exprimé sur France 2. Sur son blog, il met cette situation en perspective. Sous le titre de «L’essence du bon voisinage», il rappelle que les autorités françaises laissent construire de gigantesques centres commerciaux aux portes de Genève afin d’attirer la clientèle suisse. Les Suisses sont donc les bienvenus pour tous les produits, mais soudain plus pour l’essence! Bizarre.

Un faux calcul

Par ailleurs, il attire l’attention sur le calcul erroné du sénateur savoyard Loïc Hervé, qui alimente cette polémique depuis deux semaines, qui prétend que les Suisses profitent de la ristourne de 18 centimes (bientôt 30). Malgré cela, sur un prix de 1,85 euro le litre, il reste encore 1,10 euro de bonnes taxes pour l’État français. Autrement dit, tous les Suisses qui vont faire le plein de l’autre côté de la frontière remplissent les caisses de Paris et non celles de Berne.

Pour Mauro Poggia: «Manipuler l’opinion pour tenter de surfer sur un sentiment d’envie et de jalousie à l’égard du Suisse présumé nanti, est peu respectable, à moins que le porteur de ce discours ne soit que l’innocent véhicule d’un sujet qu’il ne maîtrise pas, ce qui serait encore plus inquiétant à ce niveau politique».

Le dossier du Rafale

L’élu genevois n’a pas tort de s’interroger sur les raisons qui poussent le sénateur français à insister autant sur cette polémique boiteuse, dont l’unique conséquence est d’attiser des sentiments primaires anti-français ou anti-suisses. Cette insistance semble s’inscrire dans la détérioration depuis quelque temps des relations entre la Suisse et la France. Cela a commencé après l’annonce de la fin des négociations de la Suisse avec l’UE en mai 2021. Un mois plus tard, le 30 juin, le Conseil fédéral annonçait l’achat du F-35 américain. Mais, durant le mois précédent, Ueli Maurer et Ignazio Cassis étaient en contact étroit avec la France pour l’achat du Rafale. Le Gouvernement français offrait de bonnes conditions en échange, notamment des avantages fiscaux dans les questions transfrontalières et surtout un soutien de la France à la Suisse du côté de Bruxelles. L’achat de l’avion américain a fait l’effet d’une douche froide à Paris.

Une bonne année plus tard, au moment où nous aurions besoin de la France et de l’Union européenne pour l’approvisionnement en électricité, on peut regretter d’avoir vexé un voisin, qui nous en fournissait chaque année en hiver. C’est évidemment plus difficile d’en faire venir depuis les États-Unis.

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