FootballStade Lausanne: exister derrière les feux d’artifice
La vie d’une équipe comme le SLO n’est pas faite que de succès tonitruants et des prestations magiques. La preuve avec le victoire d’Aarau vendredi à la Pontaise (0-2).
Une image d’abord. Celle des joueurs du FC Aarau rentrant aux vestiaires, à la fin du match, en reprenant les chants des leurs supporters. Ils étaient une cinquantaine, ont pénétré la Pontaise comme un seul homme à une poignée de secondes du coup d’envoi et ont réussi l’exploit de faire résonner le vénérable stade olympique durant 90 minutes. Avant donc la liesse finale avec leurs protégés.
On parle parfois de la distance qui peut exister entre un club et ses ultras, des faux compliments («On veut rendre fier nos fans», oui oui…) et des vrais sales coups des uns aux autres. Tant bien que mal, Aarau résiste, échappe à la règle. Et voir plusieurs joueurs prendre congé de leurs supporters en chantant, sautant et tapant sur les murs avait quelque chose de savoureux. Comme un joyau à défendre.
À ce titre, Stade Lausanne-Ouchy s’en est un peu voulu vendredi soir. Pas de ne pas avoir pu célébrer une victoire avec les siens. Mais plutôt de ne pas être parvenu, justement, à générer un peu plus d’engouement autour de lui, devant les caméras de télévision. Il faut commencer par là: le SLO n’avait encore raté aucun de ces événements-là depuis le début de la saison.
Les derbys? Une victoire bien menée et parfois spectaculaire contre Yverdon en plus d’un revers concédé avec les louanges face à Xamax. La Coupe de Suisse? Une performance majuscule sous forme de raclée lorsque Sion s’est rendu à la Pontaise (4-0). On peut y ajouter une victoire 5-0 contre Kriens. Le genre de succès qui impressionne, qu’on se trouve au stade ou qu’on guette le résultat sur le Teletext.
Au top dans l’imaginaire collectif
Ces victoires sont capitales pour une raison: elles donnent du crédit à Stade Lausanne dans l’imaginaire collectif. Il n’y a jamais foule à la Pontaise, mais ceux qui s’intéressent au SLO par épisode, lorsqu’un match important se présente, sont rarement déçus. Au contraire, les Lausannois sont en train de se bâtir une image classe, d’une équipe évoluant sans complexes et pour la beauté du jeu. Leur valeur prend même l’ascenseur en ces temps où le grand frère Lausanne-Sport n’y arrive pas et fait grincer des dents ses suiveurs.
Cette image est légitime, mais elle est réductrice. Déjà parce que les hommes de Meho Kodro méritent mieux que des «on-dit». Ensuite parce que, comme toutes les équipes de Challenge League, ils avancent avec leurs démons. Depuis peu, les Stadistes se découvrent une certaine vulnérabilité lorsque leurs leaders brillent moins qu’à l’accoutumée. On peut appeler ça de la dépendance, faille apparue au troisième match de championnat déjà. Il y avait eu victoire (1-0 contre Vaduz), mais il y avait surtout eu exploit de Sofyan Chader à la 91e et une heure et demie de difficultés avant ça. C’est plutôt ce Stade-Lausanne qu’on a vu vendredi soir, sans exploit solitaire et avec une erreur reproduite à l’identique sur les deux buts adverses.
Cela ne signifie pas que le SLO ne mérite pas les bravos, au contraire. Simplement qu’il n’est pas fini, arrivé à maturité, comme on aime étrangement nous le faire croire parfois. Il est capable des plus beaux feux d’artifice. Son défi, maintenant, est de continuer à exister en marge de ceux-ci. Le propre de Stade depuis des années, c’est d’être constamment en mouvement, en progression. Si une seule information doit émerger de ce début de saison, c’est qu’il n’y a aucune raison que cela s’arrête aujourd’hui.
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