États-UnisUne juge suspend l’utilisation des documents saisis chez Donald Trump
Un expert indépendant devra examiner les documents saisis, début août en Floride, par le FBI chez l’ancien président américain Donald Trump.
Un expert indépendant devra être nommé pour passer en revue les documents saisis début août par le FBI au domicile en Floride de Donald Trump, a ordonné lundi une juge aux États-Unis, offrant un répit à l’ancien président.
La juge Aileen Cannon a accédé à la demande du milliardaire républicain par cette décision qui interdit temporairement aux enquêteurs fédéraux d’utiliser dans le cadre de leur enquête criminelle les documents saisis à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump à Palm Beach.
Les enquêteurs peuvent en revanche continuer de passer en revue les documents «à des fins de classification et d’évaluations de sécurité nationale», selon le jugement de la magistrate fédérale.
«Flagrant délit»
La décision représente une victoire pour l’ancien président républicain et un sérieux revers pour le ministère de la Justice qui s’était opposé à la nomination d’une tierce partie indépendante, affirmant qu’elle pourrait bloquer l’accès des enquêteurs aux documents «et porterait sévèrement atteinte aux intérêts gouvernementaux, y compris en matière de sécurité nationale».
Réagissant à cette décision sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a établi un lien avec l’élection présidentielle de 2020, qu’il a perdue face à Joe Biden et dont il conteste toujours les résultats. «Maintenant que le FBI et le ministère de la Justice ont été pris en flagrant délit d’escroquerie électorale massive et cruciale, vont-ils changer les résultats de l’élection présidentielle de 2020? Ils devraient», a-t-il écrit.
Du côté du ministère de la Justice, on affirme dans un communiqué «examiner la décision» de justice et «envisager les prochaines étapes appropriées pour le litige en cours», selon le porte-parole du ministère Anthony Coley. Nommée par Donald Trump lui-même en 2020, la juge Cannon écrit dans sa décision que la nomination du superviseur indépendant sera faite «sans tarder», demandant aux parties de venir avec une liste de noms potentiels pour une audience prévue vendredi.
«Parodie de justice»
Le 8 août, le FBI avait perquisitionné Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, saisissant des cartons de documents confidentiels que le républicain n’avait pas rendus après avoir quitté la Maison-Blanche, malgré de multiples demandes.
Depuis cette opération de police spectaculaire et inédite pour un ancien chef d’État américain, Donald Trump, qui envisage ouvertement de se représenter à la présidentielle de 2024, tempête contre un acte qu’il juge «illégal et inconstitutionnel» et répète avoir été visé pour des raisons politiques.
«Le raid honteux et la descente dans ma maison de Mar-a-Lago étaient une parodie de justice», a-t-il lancé samedi soir devant une foule de partisans, lors d’un meeting de campagne en Pennsylvanie pour les élections de mi-mandat le 8 novembre.
En janvier, les équipes de l’ex-président avaient remis 15 boîtes de documents, qu’il avait emportées en quittant la Maison-Blanche, à l’agence nationale des archives, chargée de consigner pour l’Histoire les activités présidentielles.
Documents «top secret»
C’est après avoir examiné ces cartons que le FBI, convaincu que Donald Trump conservait en Floride d’autres documents classifiés, dans des conditions potentiellement inappropriées, a décidé de perquisitionner, saisissant à cette occasion une trentaine d’autres boîtes de documents. «Ils ont pris des documents protégés» par la confidentialité entre client et avocat, avait affirmé Donald Trump.
Les enquêteurs soupçonnent le républicain d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage qui encadre très strictement la détention de documents confidentiels. Donald Trump a assuré que ces documents avaient été déclassifiés. Parmi les textes saisis lors de l’opération policière, figurent 18 documents classés «top secret», 53 «secrets» et 31 «confidentiels».
Parmi eux, des papiers qui ont été récupérés dans le bureau personnel de Donald Trump. Les agents ont également trouvé plusieurs dizaines de dossiers vides marqués «classifiés» dans le bureau, ce qui peut laisser supposer que des documents sensibles pourraient avoir été perdus ou détruits.