Bande dessinéeUne série du genre «Last of Us» qui se déroule à Thoune
Le Bernois Jared Muralt poursuit avec «La chute» son récit postapocalyptique et emmène ses protagonistes lutter pour leur survie dans son propre canton.
- par
- Michel Pralong
Le premier tome de «La chute» avait fait sensation puisqu’il avait été publié au début de la pandémie de Covid. Or son auteur, le Bernois Jared Muralt, avait imaginé notre monde ravagé par une épidémie et cela avant qu’elle ne se produise réellement puisque les premières pages étaient parues en allemand en 2018.
Aujourd’hui, le troisième tome vient de sortir. La pandémie n’est plus qu’en arrière-fond, comme cause du désastre. Ce dont il est question dorénavant, c’est de survie. Et comme dans tout récit postapocalyptique, les survivants ont davantage tendance à se déchirer qu’à s’entraider. Dans «La chute», on suit un père et ses deux enfants, qui tentent de s’en sortir comme ils peuvent. Et le dos de couverture avec le père portant un fusil avec ses enfants ne peut que rejoindre une autre actualité: la série «The Last of Us». Décidément, Jared Muralt sait anticiper l’air du temps.
La guerre entre Seelander et Oberlander
Que l’auteur d’un tel récit soit suisse présente un avantage pour les lecteurs de ce pays: on découvre une œuvre d’anticipation qui se déroule en Suisse allemande, ce que Hollywood n’a pas tellement tendance à faire, il faut le reconnaître.
L’action de ce troisième tome va donc nous emmener au bord du lac de Thoune et même à bord du bateau Blümisalp. Mais la jolie cité bernoise s’est transformée en enfer, les Oberlander menant une lutte acharnée contre les Seelander. Âpre, violent, «La chute» poursuit sa trame implacable et Jared Muralt sait s’y prendre pour nous tenir en haleine… qui plus en en Suisse allemande.
Dans une très chouette postface, l’auteur explique que lors de sa scolarité bernoise, on lui disait que «pour être auteur de BD il fallait parler français». Or aujourd’hui, traduit non seulement en français mais aussi en anglais, il reconnaît être devenu «un auteur de BD qui ne parle pas français». Vous pourrez donc, si vous allez le voir dimanche au Salon du livre, vous adresser à lui dans une autre langue. Ou lui demander un dessin, c’est universel.