L'île de la Barbade veut remodeler le FMI et la Banque mondiale

Actualisé

CaraïbesLa Barbade, cette petite île qui veut remodeler le FMI et la Banque mondiale

Le petit État des Caraïbes, menacé par le réchauffement, est devenu le principal avocat d’une réforme des institutions économiques internationales, afin de lutter contre la crise climatique.

Avec son décor de carte postale, la Barbade est un état particulièrement exposé aux effets du réchauffement climatique comme la montée du niveau des océans ou la multiplication des ouragans.

Avec son décor de carte postale, la Barbade est un état particulièrement exposé aux effets du réchauffement climatique comme la montée du niveau des océans ou la multiplication des ouragans.

Photo d’illustration/Pixabay

Les appels à réformer l’architecture de la finance mondiale pour mieux répondre aux défis du dérèglement climatique se multiplient. Et l’une des voix les plus fortes provient de la Barbade, petite île exposée aux menaces. Cet État des Caraïbes, situé sur le passage des ouragans et menacé par la montée du niveau des océans, est devenu le principal avocat de la réforme des institutions économiques internationales.

Connu sous le nom d’initiative de Bridgetown – du nom de la capitale du pays –, le plan de la Barbade prévoit d’utiliser le Fonds monétaire international (FMI) pour transformer «les milliards en milliers de milliards» d’investissements afin de réduire les émissions de CO₂, avec également des taxes sur les entreprises fossiles destinées à amortir les chocs économiques liés au climat.

2000 milliards de dollars par an

Ces propositions sont toujours débattues mais gagnent du terrain parmi les nations les plus développées qui font la pluie et le beau temps au FMI et à la Banque mondiale. Cette dernière est particulièrement sous pression pour faire plus en faveur du climat, un domaine dans lequel le président sortant David Malpass – nommé sur proposition de Donald Trump – a été critiqué pour son manque de volontarisme.

Les institutions multilatérales ne sont cependant pas restées les bras croisés. Le FMI a, par exemple, mis sur pied un fonds pour encourager la résilience des pays à revenus faible et intermédiaire – et dont la Barbade a été le premier bénéficiaire. Mais les critiques estiment que ce n’est pas suffisant. Un groupe d’experts indépendants mandaté par l’ONU, et coprésidé par Vera Songwe estimait, l’an dernier, qu’il faudrait plus de 2000 milliards de dollars par an pour répondre à la crise climatique.

Plus de taxes, nouveau fonds et gel des dettes

La Barbade propose d’utiliser les droits de tirage spéciaux du FMI – un avoir de réserve – pour y adosser un nouveau fonds climatique, qui pourrait emprunter à bon compte et investir dans des projets de réduction des émissions de CO₂. Elle demande aussi aux banques multilatérales d’augmenter leurs prêts, avec de préférence une clause pour geler les remboursements pendant deux ans en cas d’événement climatique extrême. Le plan suppose enfin une taxation – par exemple sur les transactions financières ou les bénéfices des entreprises fossiles – pour aider les pays à faire face aux dégâts climatiques.

Les ONG ont dans l’ensemble accueilli favorablement ces pistes même si elles souhaitent que la question de l’annulation des dettes soit mise sur la table – tout comme une reconnaissance de la responsabilité historique des pays riches pollueurs. «Tant qu’il n’y aura pas l’argent sur la table, on n’arrivera pas à résoudre la crise climatique», juge Harjeet Singh du Climate Action Network.

Même si la Barbade est considérée comme relativement prospère par d’autres pays plus pauvres, Avinash Persaud, qui mène la campagne de la Barbade avec «un employé et demi et un tableau Excel», espère pouvoir construire une large coalition de pays – pesant quelque 40% de la population mondiale – en faveur d’avancées dans la prise en compte des enjeux climatiques. «Cela changera le monde pour ces 3,2 milliards de personnes», s’enthousiasme-t-il.

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire