Jura bernois: «Il faut interdire de mourir le vendredi!»

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Jura bernois«Il faut interdire de mourir le vendredi!»

Un croque-mort dénonce les prêtres absents aux enterrements quand ils ont congé.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Le croque-mort François Vorpe s’insurge contre la paresse des Églises officielles.

Le croque-mort François Vorpe s’insurge contre la paresse des Églises officielles.

lematin.ch/Sébastien Anex

Son coup de gueule vise les Églises officielles et «leur manque aggravé de bienveillance envers les familles en deuil». Croque-mort à Tavannes (BE), François Vorpe dénonce les prêtres absents aux enterrements, quand ils ont congé: «Si les prêtres refusent de déplacer le lundi quand ils ont congé, il faut interdire de mourir le vendredi».

Des prêtres qui manquent de savoir-vivre au cimetière? «C’est un constat, pas un jugement», précise François Vorpe. Un lundi, une secrétaire paroissiale l’a estomaqué en lui indiquant que le curé n’était pas disponible pour un mari qui venait de perdre son épouse le dimanche, à Évilard.

Rituel catholique

«Le mari souhaitait simplement la présence d’un prêtre aux funérailles, dans un rituel catholique. Le refus l’a catastrophé: il était en pleurs», rapporte François Vorpe. «Un attaché pastoral très sympathique s’est déplacé, mais sans pouvoir célébrer une messe», précise-t-il.

François Vorpe a l’habitude des combats, ici contre les avions de combat qui traversent le ciel à l’heure d’un enterrement, là pour autoriser la dispersion des cendres dans la nature. Il n’a pas la langue dans sa poche: «Ce que j’ai vu, c’est de la maltraitance!»

Jésus a traversé toute la Galilée en sandales

François Vorpe

«Jésus a traversé toute la Galilée en sandales… Si un pasteur ou un curé ne peut pas prendre sa voiture pour réconforter une famille en deuil, qu’il change de métier!», dénonce François Vorpe.

«Si l’Église ne change pas, elle disparaîtra», promet ce lanceur d’alertes. Selon son constat, les Églises libres sont toujours disponibles, à l’écoute jour et nuit, par-dessus le protocole administratif. «Elles n’ont pas la rigueur des fonctionnaires», remarque l’entrepreneur de pompes funèbres.

Rôles inversés

Son constat, le croque-mort de Tavannes le dresse, après 53 ans de métier. «Il y a 20 ans, le prêtre était le premier sur place. C’est lui qui nous appelait. Les familles avaient la priorité sur les intervenants», assure-t-il, en constatant que les rôles se sont inversés.

«S’ils n’étaient pas des salariés du canton, les prêtres se montreraient bienveillants et se déplaceraient pendant leurs congés en cas de funérailles», indique François Vorpe. À bientôt 70 ans, ce protestant n’exclut pas de lancer une initiative pour séparer l’Église et l’État, comme à Neuchâtel.

Lui n’aura pas de prêtre à son propre enterrement. «Sur ma tombe qui n’en sera pas une, il y aura tout au plus une plaque de bois avec cette inscription: «Ici repose… peu de choses»…».

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