LibyeLibération de Saadi Kadhafi, l’un des fils de Mouammar Kadhafi
Âgé de 47 ans, Saadi Kadhafi avait été jugé et acquitté en avril 2018 pour le meurtre en 2005 d’un ancien entraîneur du club de football. Il a été libéré dimanche.
Saadi Kadhafi, un des fils de l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, détenu dans une prison de la capitale Tripoli depuis 2014, a été libéré à la suite d’une décision de justice datant de plusieurs années, selon une source du ministère de la Justice.
«Saadi Mouammar Kadhafi a été libéré de prison, en exécution d’une décision de justice» rendue il y a plusieurs années, a affirmé dimanche à l’AFP une source du ministère de la Justice sans préciser s’il était encore en Libye. De nombreux médias locaux ont indiqué ce dimanche soir que Saadi Kadhafi avait déjà quitté le territoire libyen sur un vol en direction de la Turquie.
Interrogée par l’AFP, une source du bureau du procureur général a affirmé que le fils Kadhafi avait été libéré sur recommandation du procureur. «Le procureur général a demandé, il y a plusieurs mois, l’exécution de la décision relative à la libération de Saadi Kadhafi dès que toutes les conditions requises ont été satisfaites», a-t-elle affirmé, rappelant qu’il était «libre de rester ou de partir».
Acquitté en 2018
Extradé du Niger le 6 mars 2014, où il avait fui après l’insurrection de 2011, Saadi Kadhafi, 47 ans, a été jugé et acquitté en avril 2018 par la Cour d’appel de Tripoli du meurtre en 2005 d’un ancien entraîneur du club de football Al-Ittihad de Tripoli, Bachir Rayani. Il devait également être jugé pour son implication présumée dans la répression meurtrière de la révolte ayant mis fin au régime de son père Mouammar Kadhafi en 2011.
Depuis 2011, la Libye a sombré dans le chaos, marqué ces dernières années par l’existence de pouvoirs rivaux dans l’Est et l’Ouest sur fond d’ingérences étrangères. Malgré l’arrêt des combats en 2020 et la conclusion d’une trêve, suivis de mois de négociations pour trouver une solution au conflit, les divisions ont rapidement refait surface, et la tenue des élections devient de plus en plus hypothétique en l’absence d’un cadre constitutionnel censé les régir.
Footballeur en Italie
Saadi était le troisième fils du dictateur libyen qui a pris le pouvoir après le sanglant coup d’État de 1969. Pendant 42 ans, le «chef de la Révolution» a gouverné sa «Jamahiriya», ou «État des masses», avec une main de fer mais sans grande cohérence dans ses décisions.
L’économie de pays a été paralysée par les fantaisies du dirigeant capricieux, qui était accusé d’utiliser les ressources issues des hydrocarbures pour financer des groupes rebelles en Afrique et ailleurs. Il a concentré le pouvoir au sein d’un cercle familial toujours plus restreint et a détruit toute institution, politique ou militaire, lui faisant concurrence. Dans le même temps, sa famille vivait dans une opulence affichée, se déplaçant à bord de jets privés, de voitures de sport et de grands yachts.
Le 11 octobre 2011, des rebelles ont attaqué Syrte, ville d’origine de Mouammar Kadhafi, où sont morts le dirigeant et son fils Mutassim. Un autre fils, Seif al-Arab, est aussi mort lors d’un bombardement de l’OTAN en avril 2011, alors que son frère Khamais a péri au combat quatre mois plus tard. D’autres membres du clan Kadhafi ont survécu, dont sa femme Safiya, son aîné Mohammed, sa fille Aisha, ses fils Seif al-Islam, longtemps perçu comme son successeur, le flambeur Hannibal et le playboy Saadi.
Suspendu pour dopage
Ce dernier, ancien patron de la fédération libyenne de football, a d’abord été connu pour sa brève carrière dans le championnat italien avant qu’Interpol ne demande son arrestation ainsi que celle de sa famille pour leur rôle dans la répression de 2011. Le club de Pérouse avait recruté Saadi en 2003 sur demande du président du Conseil italien Silvio Berlusconi, qui entretenait des liens étroits avec la Libye.
De niveau médiocre et suspendu trois mois pour dopage, le fils de Kadhafi n’a que très peu joué, le pic de sa carrière footballistique étant d’être resté 15 minutes sur le terrain contre la Juventus en 2004. Quelques jours avant la mort de son père, Saadi a dénoncé devant les médias une notice «politique» de la part d’Interpol.
Bien qu’accusé de tirs contre les manifestants et d’autres crimes lors du soulèvement, Saadi n’est pas poursuivi par la Cour pénale internationale, contrairement à son frère Seif al-Islam. Parlant au «New York Times» en juillet, Seif al-Islam, qui n’était pas apparu en public et ne s’était pas exprimé depuis 2014, a assuré que le clan Kadhafi n’avait pas dit son dernier mot, ajoutant qu’il était un homme libre organisant son retour politique.