Football: Finalement, Sion veut-il se sauver ou se saborder?

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FootballFinalement, Sion veut-il se sauver ou se saborder?

À l’inverse de Lucerne, vainqueur sans surprise (1-3), les Valaisans n’ont aucunement montré qu’ils luttaient pour leur survie. Leur passivité interpelle autant que leur manque de caractère.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier

C’est vrai, à l’instar des fans du gradin nord, que l’on avait voulu y croire, que l’on en était venu à se persuader que, oui, l’exploit était possible… Mais il fallait être un peu fou, ou ignorer sciemment la réalité d’une formation ne parvenant pas à imposer un semblant de jeu à domicile, pour penser le FC Sion d’aujourd’hui capable de remporter une finale de championnat.

Entre une équipe sûre de son football, respirant la confiance jusqu’à proposer un spectacle d’une très honnête facture (Lucerne ayant pris le parti, depuis l’arrivée de Mario Frick, de se sauver par le jeu) et une autre n’ayant rien à offrir si ce n’est ses propres contradictions – promettre beaucoup sans jamais passer à l’acte balle au pied –, il n’y a eu ni match ni photo. Tant la différence pouvait sauter aux yeux d’un visiteur neutre.

Aussi logique qu’inquiétante (parce que le rapprochant toujours davantage des barrages), ce nouvel échec du FC Sion devant son public – qui se trouve être le cinquième d’affilée tout de même – est venu rappeler deux éléments essentiels au fonctionnement d’une équipe.

Le premier concerne la vie du groupe. À l’image de ces cercles improvisés tracés à même le sol où l’assemblée écoute doctement son guide ou un joueur s’exprimer, on veut nous faire croire qu’il respire le bonheur; de vivre peut-être mais de jouer assurément pas. Comment, au sortir d’une saison quasi entière, peut-il y avoir si peu en terme de contenu, toujours aussi dramatiquement pauvre après 45 semaines d’entraînement? Cela en devient consternant. 

Sortie de contemporains

Mercredi, dans un match qui pouvait pourtant effacer comme par enchantement un exercice de frustration, il ne s’est produit aucune magie. Alors que l’on attendait de la folie, de l’enthousiasme, des envies furieuses, on a eu droit à une aimable sortie de contemporains. Il ne s’est trouvé personne pour s’arracher ou secouer le copain, tout le monde a trottiné en pensant que cela suffirait. On en a vu le résultat, reflétant la désolation d’une équipe ne parvenant pas à afficher  la détermination de celui qui doit lutter pour sa survie. Comment peut-on aborder une finale avec aussi peu de «niaque»?

Après avoir déjà ridiculisé Lausanne et Servette, Lucerne s’est payé Sion sans jamais trembler ni souffrir, présentant tout ce que son hôte n’avait pas en terme d’état d’esprit. Dans l’arène de Tourbillon, les joueurs de Paolo Tramezzani ont manqué de caractère en refusant de combattre. Dans une contrée qui se plaît à couronner les reines de la race d’Hérens, les rois du crampon se sont tristement défilés… Les seules animations, en l’occurrence musicales, sont venues plus tard des buvettes et autres tentes dressées, où chacun était invité à venir guincher pour y noyer sa déception.

Exaspération populaire

Le constat est amplifié par le divorce grandissant entre une équipe qui ne donne rien et un public qui ne s’y identifie plus. On sent même poindre comme un rejet. Ce n’est probablement pas un hasard si l’opération plein stade s’est du reste soldée par un bide. Moins de 10’000 spectateurs pour le match de l’année avec 7000 billets gratuits qui n’ont pas tous trouvé preneur, cela traduit une exaspération populaire croissante.

Alors qu’il est en train de vivre une saison à l’envers (les ennuis après avoir donné le sentiment de s’en être éloigné), Sion va devoir urgemment se remobiliser pour sauver ce qui doit encore l’être. Dans la bataille pour le maintien qui concerne aussi Grasshopper, tout se décidera lors de ses derbies contre un Lausanne relégué et un Servette supposément peut-être déjà en vacances, ce qui ne rendra pas l’un et l’autre moins dangereux. Spéculer sur une entente romande serait aussi illusoire que périlleux.

Un seul Romand en Super League?

Galvaudant la possibilité de vivre enfin en 2022 une fin de saison sereine en laissant fondre la confortable avance (14 points!) qu’il possédait sur Lucerne au sortir de la 20e journée, Sion n’est plus sûr de rien. Dans son environnement actuel, la seule certitude est mathématique: au rythme où se détériore sa situation, il pourrait ne plus y avoir qu’un seul représentant romand en Super League la saison prochaine. Cette perspective faisant froid dans le dos n’est désormais plus une vue de l’esprit.

Quoi qu’il en soit et quel que soit le verdict dans 10 jours, le club valaisan ne pourra pas faire l’économie d’une complète introspection sur ce qu’il est devenu. Entre un public qui se détourne, une équipe qui ne provoque aucune émotion et un entraîneur qui méprise son monde, Tramezzani se bornant à s’exprimer en italien devant les médias sans que personne ne trouve rien à redire, il y a beaucoup, tout un système, à changer.

Mais d’abord, il y a une place à sauver. Devant ce grand vide, on en vient juste à se demander comment et avec qui.

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