SoudanLes manifestants anti-putsch poursuivent la désobéissance civile
Une nouvelle manifestation visant à dénoncer la dissolution par le général Abdel Fattah al-Burhane de l’ensemble des institutions, a été dispersée à coups de bombes lacrymogènes.
![Les citoyens protestent contre le putsch, ici lors d’une manifestation il y a quelques jours. Les citoyens protestent contre le putsch, ici lors d’une manifestation il y a quelques jours.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/6089a4cf-853d-4d59-8451-d93b93d7813b.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=8254d7352964627cbfbefb1039eb9e78)
Les citoyens protestent contre le putsch, ici lors d’une manifestation il y a quelques jours.
EBAID AHMED via REUTERSLes forces de sécurité soudanaises ont tiré dimanche des grenades lacrymogènes sur plusieurs cortèges et arrêté des dizaines de manifestants au premier jour d’une nouvelle campagne de désobéissance civile contre l’armée, seule aux manettes depuis le putsch du 25 octobre.
Depuis la dissolution ce jour-là par le général Abdel Fattah al-Burhane de l’ensemble des institutions du pays et l’arrestation de la quasi-totalité des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, la rue est entrée en résistance.
Désobéissance civile
Dimanche, de nouveau, dans le cadre du mouvement de désobéissance civile auquel ont appelé syndicats et autres organisations, des dizaines d’enseignants ont convergé vers le ministère de l’Education pour «une protestation silencieuse contre les décisions du général Burhane», a expliqué à l’AFP Mohammed al-Amine, professeur de géographie.
«La police est arrivée et a tiré des grenades lacrymogènes sur nous alors que nous nous tenions seulement là avec nos pancartes non au régime militaire», a-t-il ajouté.
De «grève générale» en manifestations monstres, les Soudanais veulent se faire entendre tandis qu’à huis clos, loin de la rue, les négociations se poursuivent entre militaires, dirigeants civils et médiateurs locaux ou internationaux pour trouver une solution à la crise.
Jusqu’ici les discussions n’ont toutefois mené ni à la formation d’un nouveau gouvernement, ou au retour de celui démis brutalement par le général Burhane, ni même à l’adoption d’une position claire sur la reprise ou non de la transition démocratique lancée à la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.
«Pas de négociation»
Pour les organisations pro-démocratie à la pointe de la «révolution» anti-Béchir, la ligne est claire: «Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat» avec l’armée, clament-elles dans des communiqués diffusés par SMS, internet étant bloqué depuis 14 jours.
En 2019, hauts gradés et civils pro-démocratie avaient décidé de gérer ensemble la transition mais nombreux sont ceux aujourd’hui à estimer qu’un tel partenariat est désormais impossible.
Le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, et ses rares ministres en liberté continuent de plaider le retour à l’avant 25 octobre; mais l’armée, elle, veut un nouveau gouvernement plus enclin à sauvegarder ses intérêts politiques et économiques, estiment des experts.