Interview«Tous les comédiens étaient enchantés de refaire les Pique-Meurons»
La sitcom à succès du début des années 2000 sur la RTS est adaptée au théâtre depuis le 24 janvier. Son cocréateur et metteur en scène Alain Monney raconte sa genèse.
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Chaque semaine, 250 000 téléspectateurs suivaient ce divertissement sur la Télévision romande. «Game of Thrones»? «Camping Paradis»? Non, «Les Pique-Meurons», sitcom 100% suisse créée par Alain Monney et Gérard Mermet. Les aventures d’un couple de citadins et sa fille qui passent leur week-end dans leur chalet ont compté six saisons, entre 2000 et 2006, avant d’être tuées en plein succès par leur diffuseur.
Dix-sept ans plus tard, le couple Lolita Morena et Alain Monney est de retour… sur scène, avec également Philippe Mathey, Jacques Maeder et une petite nouvelle, Laura Guerrero.
La première a eu lieu mardi 24 janvier à Lausanne, au Théâtre Boulimie. «Tout s’est bien passé, les gens étaient heureux. On se dit que le spectacle va super bien marcher», confie Alain Monney, qui revient pour nous sur la genèse des «Pique-Meurons sur scène».
Qui a eu l’idée d’emmener les Pique-Meurons sur les planches?
On parlait régulièrement avec Gérard (Mermet) de faire renaître cette famille sous une forme ou une autre. On se disait que de toute façon ça ne serait pas à la télé, puis l’idée de la scène est venue gentiment. On a évoqué l’idée presque involontairement à Frédéric Recrosio (ndlr.: codirecteur du Boulimie), qui nous a répondu: «C’est exactement ce qu’il me faut. Venez en janvier 2023.» On a appelé tous les comédiens, et ils étaient tous enchantés de revenir, parce qu’ils avaient adoré jouer dans la série.
Tous? Il manque Aria Thomas, qui jouait Julie, la fille.
En effet, Aria Thomas ne vit plus en Suisse et ne fait plus de scène. Comme on voulait un personnage féminin jeune, on en a créé un nouveau: une jeune femme du village qui vient en rajouter une couche de temps en temps et jouée par Laura Guerrero.
Vous dites que ce retour des Pique-Meurons n’allait de toute façon pas se faire à la télévision. Pourquoi?
En 2006, la TSR nous avait dit qu’elle voulait arrêter la série pour «changer». Alors voilà… Mais on le voit: dans les séries qui sont produites aujourd’hui, la tendance n’est pas à la comédie. En plus, «Les Pique-Meurons» était une sitcom. Plutôt que d’essuyer un refus, on a préféré se lancer un nouveau défi. On s’est dit que le public aimerait voir les personnages en chair et en os. Pour les comédiens, c’est bien aussi d’avoir la réponse en direct plutôt que les rires enregistrés.
Peut-on transposer en 2023 ce qui fonctionnait en 2000?
La famille qui part chaque week-end dans son chalet, ça reste d’actualité. Mais nos personnages ont vieilli et ont d’autres préoccupations: l’AVS, les influenceuses, le manque d’enneigement à la montagne… On a revisionné pas mal d’épisodes. On a bien rigolé mais on n’a rien voulu reprendre. À l’époque, pour trouver nos idées, nos thèmes qui pouvaient préoccuper le public romand, on lisait «Le Matin». Ça allait des joints à l’homosexualité.
Sur scène, vous reprenez les codes de la sitcom: c’est quatre actes qui correspondent à quatre épisodes. À la base, une sitcom est même déjà en quelque sorte une pièce de théâtre.
Oui, à la différence qu’il y a des plans serrés à la télévision et qu’il n’y en a pas au théâtre. Donc il faut envisager la mise scène différemment, créer des seconds plans pendant qu’une action se passe à l’avant.
En fin de spectacle, il y a le teaser d’une supposée saison suivante. Avouez: elle verra le jour.
On ne sait pas. Il y a en tout cas une tournée romande qui se prépare pour le printemps 2024.
Et si vous transposiez aussi «Carabine FM» sur scène?
(Rires.) Ça serait très compliqué. Il y avait beaucoup de montages et on jouait tous les personnages. Comment passer en quelques secondes du commissaire Nichon au professeur Sacrain? On n’y a pas réfléchi. On pourrait imaginer que nos personnages montent une radio dans leur EMS. On ne désespère pas de trouver une formule dans quinze ans, genre «Papys Carabine».
«Pique-Meurons sur scène!» du 24 janvier au 5 février, à Lausanne (Théâtre Boulimie), du 7 au 12 février au Grand-Saconnex (Douze-Dix-Huit), du 15 au 19 février à la salle communale de Veyrier et du 2 au 4 mai à Genève (Casino Théâtre)