Football - Comment le FC Sion est redevenu «valaisan»

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FootballComment le FC Sion est redevenu «valaisan»

Affichant des valeurs d’abnégation et un caractère que l’on pensait à jamais égarés, le visiteur a fait douter Bâle chez lui (3-3). A Tourbillon, le projet axé sur les émotions du jeu prend corps.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier

Quand il s’agit de savoir sur qui l’on peut compter et l’étendue des forces en présence, il y a grosso-modo deux familles de coaches: ceux qui, parmi ses derniers, se plaignent de l’étroitesse de leur contingent, ce qui les condamne à bricoler. Et ceux qui n’ont que l’embarras du choix, une catégorie à laquelle appartient assurément Paolo Tramezzani, l’entraîneur du FC Sion.

Au moment de préparer le rendez-vous de Saint-Jacques, le technicien de Tourbillon a non seulement pu récupérer les revenants Luca Zuffi et surtout Guillaume Hoarau (que l’on n’avait plus vu en footballeur sur une pelouse depuis septembre dernier); mais il a également pu intégrer les transferts de la semaine écoulée, pas n’importe lesquels avec la présence conjointe sur la feuille de match de Loris Benito et Gerardo Berardi, soit un international helvétique encore présent à l’Euro 2020/21 et un expérimenté défenseur ayant roulé sa bosse en série A (Brescia et Sampdoria) et en Angleterre (157 matches avec Leeds)...

Un fil rouge et blanc

Pourtant, devant pareille abondance de biens, il Mister allait abattre la carte de la fidélité contre Bâle, ne changeant aucun des onze titulaires présents une semaine plus tôt contre Grasshopper, le visiteur alignant ses richesses jusque sur le banc. Au final, il aura fallu patienter jusque dans les ultimes secondes pour assister à l’entrée groupée de Benito, Berardi et Hoarau, excusez-du peu.

A l’arrivée, il y a le résultat – un 3-3 qui n’efface pas la frustration d’avoir entrevu un exploit attendu depuis 25 ans au bord du Rhin – ; mais il y a surtout la manière affichée par ce FC Sion joueur, mobilisé derrière un fil rouge et blanc commun. Car si les visiteurs ont séduit, c’est aussi parce qu’ils ont retrouvé des valeurs de solidarité longtemps égarées sinon négligées. Appelons cela la renaissance d’un état d’esprit trop souvent mis en veilleuse ces dernières saisons. S’il fallait désigner un homme incarnant cette union sacrée, Anto Grgic (2 buts sur balles arrêtées) recueillerait tous les suffrages. Trop souvent à la dérive, le No 14 apparait métamorphosé depuis plusieurs semaines.

On a suffisamment critiqué la suffisance des joueurs, leur manque d’implication pour ne pas insister sur leur caractère. Celui-là même qui leur a permis de ne pas craquer; mieux de revenir deux fois au score à Bâle, ce qui n’est pas donné au premier venu. Une dimension que l’on ne connaissait jusqu’à présent que lors de des épopées valaisannes en finale de Coupe.

Force collective

Voilà peut-être bien là le premier mérite de Paolo Tramezzani, celui d’avoir insufflé en championnat une force collective dépassant le poids des individualités. Ainsi se dégage-t-il une sorte d’assurance qui se traduit désormais par une sérénité bienvenue. Pour la première fois depuis longtemps, Sion peut aborder la suite de son championnat sans trembler ni avoir le couteau sous la gorge après chaque but encaissé comme la saison passée.

Impliqué au point de souffrir autant que ses joueurs au bord de la touche, Tramezzani ne s’y est pas trompé en évoquant à chaud sa fierté d’être valaisan. «Je suis honoré d’être l’entraîneur de cette équipe, devait-il convenir. On a démontré ce que représente le fait d’être valaisan.» L’homme est certes un excellent  communicateur et il ne s’agit pas non plus de trop se méprendre sur la réalité de son discours.

Il n’empêche qu’un Sion nouveau est gentiment en train de voir le jour et que ses supporters peuvent commencer à s’y identifier à nouveau. C’est autant un retour aux sources qu’une projection sur l’avenir à moyen terme: cette volonté, exprimée par Gelson Fernandes, de se recentrer sur le coeur de ce qui doit idéalement composer le FC Sion: la générosité, la passion, le sacrifice et les émotions qui en découlent, seuls garants de la recherche du plaisir. Cela fait peut-être grandiloquent dit ainsi mais correspond à ce que l’on ressent au spectacle de ce FC Sion pas loin d’être ébouriffant.  

A Tourbillon, on est encore arrivé nulle part mais l’on sait déjà que l’on peut y parvenir. Car un chemin existe, soutenu désormais par un projet au service d’un potentiel à encore mieux défricher. Soit grosso-modo tout ce qui manque au Lausanne-Sport si l’on cherche une comparaison…

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