FranceElle veut un «délit de non-partage des tâches domestiques»
L’écologiste Sandrine Rousseau a suscité beaucoup de réactions avec son idée de pouvoir sanctionner ceux qui ne font pas leur part à la maison.
- par
- R.M.
Le partage des tâches domestiques reste très inégalitaire entre les sexes et la situation n’évolue que très lentement. Fort de ce constat, l’écologiste française Sandrine Rousseau a fait une proposition étonnante et radicale qui a engendré de nombreuses réactions. Elle souhaite que ne pas participer assez au travail domestique au sein d’un couple puisse être considéré comme un délit, et soit donc condamnable.
Pour celle qui a terminé deuxième de la primaire écologiste, ce mécanisme pourrait être mis en place «comme on fait reconnaître des violences sexuelles au sein des couples», a-t-elle expliqué dans «Madmoizelle». Et de lancer: «Je voudrais qu’il y ait même une possibilité de délit de non-partage des tâches domestiques, parce que je pense que le privé est politique et que tant qu’on ne donne pas les moyens aux femmes de véritablement obtenir l’égalité sur le partage, on n’y arrivera pas».
«Ceci dit, ce n’est que moi, donc ne vous affolez pas!», a vite précisé Sandrine Rousseau, habituée des polémiques. Il s’agit en effet d’une proposition personnelle, pas d’une proposition figurant dans le programme du candidat à la présidentielle de son parti, Yannick Jadot.
Beaucoup de sarcasmes
BFMTV rappelle que, selon une étude de 2020 menée en France par l’Observatoire des inégalités, 80% des femmes font la cuisine ou le ménage au moins une heure chaque jour, contre 36% des hommes. Mais est-ce une raison pour que la justice s’invite chez les couples pour les tâches domestiques?
«Je ne suis pas favorable à créer un délit dans les couples. Je ne suis pas pour la punition, je suis pour l’éducation», a réagit le candidat communiste à l’Élysée, Fabien Roussel, sur France 2
D’autres ont parlé d’une idée digne d’«un régime totalitaire» mais le souhait de «pénaliser les hommes qui n’en foutent pas une» a surtout suscité des sarcasmes. «Toi t’as commis un cambriolage à main armée, moi si je suis là c’est pour avoir oublié de vider le lave-vaisselle», a ironisé un internaute. «J’imagine le jugement: attendu que X a refusé de laver ses caleçons, qu’il existe des risques sérieux de réitération, le tribunal prononce à son encontre un mandat de dépôt», s’est amusée Julia Courvoisier, une avocate parisienne.
De son côté François Asselineau, le souverainiste du parti L’Union populaire républicaine qui a échoué à se présenter à la présidentielle, a suggéré que le délit de non-partage des tâches domestiques soit requalifié en «crime» en cas de récidive. «Ainsi un non-passage de l’aspirateur + un oubli d’aller acheter du pain au cours d’une même semaine, conduira désormais le conjoint fautif en Cour d’assises», a-t-il taclé sur Twitter.
Des jugements dans certains pays
Chacun jugera. Mais le «Parisien» relève qu’à l’étranger, certains tribunaux ont bel et bien sanctionné un manque d’engagement dans le travail domestique lors de séparations. Ainsi, il y a un peu plus d’un an, la plus haute juridiction portugaise a condamné un homme à verser plus de 60 000 euros à son ex-conjointe pour le travail domestique qu’elle avait accompli pendant près de trente ans de vie commune.
En juin 2019, un Argentin a été condamné à verser un peu plus de 150 000 euros à son ex-femme. Durant les 27 années de leur mariage, son ex-épouse avait assumé seule le travail à la maison. Et elle avait quitté son emploi pour s’en charger.
Le mois dernier, enfin, dans le cadre d’une procédure de divorce, un tribunal de Pékin a condamné un homme à verser quelque 7000 francs à son ex-femme pour les tâches ménagères effectuées lorsqu’ils vivaient ensemble.