Guerre en UkraineCes entreprises suisses qui continuent leurs affaires en Russie
Une liste recense les sociétés commerçant encore avec le pays de Poutine. De nombreuses entreprises suisses y figurent.
- par
- Jonathan Zalts
Face à l’invasion russe en Ukraine, la Suisse est sortie de son historique neutralité. Suivant les sanctions édictées par l’Union européenne, le Conseil fédéral avait dans un premier temps décidé de geler les avoirs en Suisse de personnalités et entreprises russes. Une fortune actuellement évaluée à plus de 7,5 milliards de francs.
À la mi-avril et après la découverte des atrocités commises par l’armée russe à Boutcha, la Suisse avait encore durci sa politique. Reprenant un nouveau paquet de sanctions européennes, le gouvernement avait annoncé l’interdiction d’importer divers produits russes et d’exporter du kérosène et «d’autres bien susceptibles de contribuer au renforcement des capacités industrielles de la Russie».
Mais alors que les pays européens pourraient aller encore plus loin ces prochains jours en boycottant le gaz et le pétrole russe, des entreprises continuent de leur côté à faire affaire avec la Russie. Et parmi elles se trouvent un certain nombre de sociétés suisses.
«Comme si de rien n’était»
La prestigieuse université américaine de Yale, dans le Connecticut, a dressé une liste des sociétés qui possèdent des intérêts en Russie. Cette dernière se compose de cinq catégories avec un système de notation scolaire allant de A à F. Les entreprises y sont classées selon l’état de leurs relations commerciales avec la Russie.
Dans la catégorie des mauvais élèves (F), ceux «qui poursuivent leurs activités en Russie comme si de rien n’était», on retrouve six organisations suisses. L’entreprise Ems-Chemie, qui appartient à l’UDC Magdalena Martullo-Blocher et qui opère toujours en Russie, y figure en bonne place. La société avait déjà fait polémique début avril en interdisant le mot «guerre» à ses employés au profit de «conflit ukrainien».
Le fabricant de sous-vêtements Triumph, basé en Argovie, obtient également un F en tant qu’entreprise opérant toujours en Russie et y «recrutant encore activement». Le fabricant d’outils et machines Liebherr, l’entreprise d’inspection et de contrôle SGS, le producteur de matériaux de construction Sika et le fabricant de matériaux en bois Swiss Krono complètent cette catégorie.
Investissements reportés
L’Université de Yale attribue la note D aux entreprises qui ont décidé de reporter des investissements ou autre développements en Russie «tout en y poursuivant leurs activités de fond». On y retrouve notamment le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé, qui avait annoncé réduire ses transactions avec la Russie aux biens de première nécessité.
Obtiennent également un D les entreprises pharmaceutiques suisses Novartis, Roche et Alcon, la banque privée Julius Baer, l’ogre des matières premières Glencore, le chocolatier Barry Callebaut et le producteur d’alimentation pour bébés HiPP.
«Options de retour ouvertes»
Vient ensuite la catégorie des entreprises «qui réduisent certaines opérations commerciales importantes mais en poursuivent d’autres» et qui se voient attribuer un C. Y figurent les géants bancaires UBS et Credit Suisse, le leader de l’ingénierie ABB, les entreprises d’industrie mécanique Bucher Industries et Georg Fisher ainsi que le groupe de cosmétique Oriflame.
Logitech, Swatch et le chocolatier Lindt-Sprungli obtiennent pour leur part un B en tant qu’entreprises «réduisant temporairement la plupart ou la quasi-totalité de leurs opérations en Russie, tout en gardant des options de retour ouvertes». Figurent à la même place dans la liste, le groupe d’industrie de luxe Richemont, le groupe d’installations sanitaires Geberit, l’agence de voyage GetYourGuide et l’agence d’architecture Herzog & de Meuron. À noter que des organisations telles que le CERN, la Fédération internationale des échecs (FIDE) et la Fédération internationale de canoë obtiennent la même note.
Les entreprises «qui arrêtent totalement leurs engagements russes ou qui quittent complètement la Russie» se voient finalement attribuer un A par l’Université de Yale. On retrouve dans cette catégorie la Coop, la FIFA, Holcim, Rolex, Acronis, Dentons, Luxoft et le groupe Kühne + Nagel. La section est complétée par des organisations comme l’UEFA, le CIO ainsi que les Fédérations internationales de Hockey sur glace, de patinage et d’haltérophilie.