ÉnergieBP renoue avec d’énormes bénéfices, jugés «obscènes» par des ONG
Le géant pétrolier britannique a dégagé à nouveau des bénéfices en 2021, grâce à la reprise économique et l’envolée des prix des hydrocarbures, et va accélérer sa transition énergétique.
Le géant pétrolier britannique BP a annoncé mardi avoir dégagé un bénéfice net de 7,6 milliards de dollars en 2021, contre une perte de 20,3 milliards l’année précédente. Le chiffre d’affaires a bondi de 49% à 157,7 milliards de dollars. «2021 a montré que BP faisait ce que nous avions dit que nous ferions: afficher une bonne performance tout en nous transformant», a assuré le directeur général, Bernard Looney.
Son concurrent Shell a dévoilé, la semaine dernière, des bénéfices de 20,1 milliards de dollars en 2021, faisant monter les appels à une taxe exceptionnelle au Royaume-Uni sur les géants pétroliers pour aider les ménages modestes à faire face à l’inflation.
Bénéfices «obscènes»
«Ces bénéfices sont une gifle pour les millions de gens qui redoutent leur prochaine facture d’énergie», a fustigé Greenpeace, mardi. «BP et Shell empochent des milliards grâce à la crise des prix du gaz (...) Ces mêmes entreprises sont responsables d’amener notre monde plus près de la catastrophe climatique», a dénoncé l’ONG. Friends of the Earth a de son côté jugé ces profits «obscènes».
«Entreprise intégrée d'énergie»
Dans son plan de transformation dévoilé mardi, BP dit vouloir devenir une entreprise intégrée d’énergie et non plus une entreprise de production et distribution d’hydrocarbures, avec cinq moteurs de croissance: bioénergie, magasins dans ses stations-services, chargement de véhicules électriques, énergies renouvelables et hydrogène.
Réductions des émissions
Le groupe prévoit de «réduire les émissions de gaz polluants provenant de ses activités de 50% d’ici à 2030 contre 30 à 35%» à horizon 2050 auparavant. Il prévoit également d’augmenter la part de ses investissements dans les activités de transition à plus de 40% d’ici à 2025 et vise environ 50% d’ici à 2050.
Financer le climat avec le pétrole
Le géant pétrolier, qui a annoncé il y a deux ans viser la neutralité carbone d’ici à 2050, avait toutefois prévenu qu’il restait focalisé sur son «portefeuille de pétrole et de gaz sur la prochaine décennie.» BP rappelle ainsi mardi le lancement d’un nouveau projet offshore en Angola, «le septième gros projet lancé cette année». Les majors pétrolières soutiennent que leurs activités traditionnelles sont essentielles pour financer la transition énergétique, une affirmation contestée par les organisations environnementales qui appellent à cesser toute extraction d’hydrocarbures.
Réactions des ONG
«La science du climat a montré qu’il ne devrait y avoir aucun nouveau projet de développement de pétrole et gaz pour rester dans la limite de 1,5 degré d’une hausse dangereuse de température», fait valoir Friends of the Earth. «Nous devons réformer notre système énergétique pour mettre fin à notre dépendance au gaz et au pétrole», ajoute l’ONG.
Greenpeace, de son côté, reconnaît que BP est «le plus ambitieux des géants pétroliers» pour sa transition «mais juge qu’il n’est plus possible de résoudre ce problème, une entreprise à la fois». «Les gouvernements doivent intervenir», estime-t-il.