Paddock F1: Max Verstappen, drôle de champion

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Paddock F1Max Verstappen, drôle de champion

Le pilote Red Bull a décroché sa deuxième couronne mondiale dimanche matin à
Suzuka. Dans la confusion totale.

Luc Domenjoz
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Luc Domenjoz

Max Verstappen a remporté son premier titre de champion du monde, l’an dernier, dans la controverse du dernier tour du Grand Prix d’Abu Dhabi. Et ce matin, à Suzuka, il a décroché sa deuxième couronne dans la confusion.

Pour commencer, le Grand Prix du Japon a été marqué par une pluie battante, comme on n’en trouve qu’au pays du Soleil-Levant. Le départ a tout de même été donné, mais le premier tour a été marqué par plusieurs tête-à-queue ainsi que la sortie de piste de Carlos Sainz. Sa Ferrari a arraché un panneau de publicité qui s’est retrouvé sur la piste, puis sur le nez de l’Alpha Tauri de Pierre Gasly.

La direction de course a alors neutralisé l’épreuve, puis l’a totalement interrompue. Relancée après deux heures d’interruption, elle s’est disputée intégralement sous la pluie. Max Verstappen l’a menée de bout en bout - mis à part le temps des changements de pneus. La limite des trois heures maximales est tombée sur le 28e tour de course, soit à un peu plus de 50% de la distance prévue (53 tours).

«Dommage pour le titre»

Max Verstappen, quelques minutes avant d’apprendre qu’il conservait bien son titre de champion du monde.

Par conséquent, en appliquant le nouveau règlement de distribution des points dans les cas où la course ne peut aller jusqu’à son terme, Max Verstappen devait marquer 19 points, contre 14 pour Sergio Perez (finalement deuxième suite à une erreur de Charles Leclerc dans la toute dernière chicane du dernier tour) et 12 pour Charles Leclerc.

Par conséquent, Max Verstappen n’aurait pas eu suffisamment d’avance pour se voir couronné aujourd’hui. Il l’aurait été presque à coup sûr dans deux semaines à Austin, au Texas. Au moment de franchir la ligne d’arrivée, le Néerlandais a été félicité par son ingénieur et le patron de l’écurie, mais sans mot dire sur le titre mondial. «Dommage pour le titre», a même commenté Max Verstappen dans son casque, «mais je suis content d’avoir pu disputer une course pour les fans présents.»

C’est lors des interviews des trois premiers, dans le parc fermé, à côté de sa monoplace, que Max Verstappen a appris qu’il était champion, au moment où Charles Leclerc était pénalisé de cinq secondes et rétrogradait ainsi en troisième place.

Interprétation nouvelle

La direction de course a en effet interprété l’article 6.5 - qui détaille l’attribution des points en cas d’interruption de course -, de manière différente de ce qui s’est toujours pratiqué en F1. Cet article dit: «Si une course est suspendue (…) et ne peut être reprise, les points pour chaque titre seront distribués selon les critères suivants», en détaillant des différents points marqués au cas où la course dure moins de 25% de la distance, prévue, moins de 50% ou moins de 75%.

Comme le Grand Prix du Japon 2022 tombait dans ce troisième cas, tout le monde a calculé les points en fonction de ce barème, comme ce fut le cas en Belgique, l’an dernier, lorsque seul un tour a été compté. Pourtant, cette fois, la direction de course a considéré que, la course ayant repris, l’article 6.5 ne peut s’appliquer et donc que la totalité des points est attribuée, même si l’épreuve n’a duré que deux tours (elle en a donc fait 28).

«Alors, je suis champion ou pas?»

Une interprétation nouvelle qui a surpris tout le monde, à commencer par Max Verstappen lui-même. Avant de monter sur le podium, dans la «cooling room» prévue pour les trois premiers, le Néerlandais s’informait encore: «Alors, je suis champion? Oui? Non? Certains disent que non.» Finalement, Max Verstappen a bien remporté dimanche son deuxième titre de champion du monde. Dans la confusion, cette fois, et non dans la controverse comme en 2021. La nuance est importante!

A quatre secondes près

Tout a tenu à un fil pour ce Grand Prix du Japon. En abordant son 28e et dernier tour, Max Verstappen a passé la ligne d’arrivée… 4 secondes avant la limite fatidique de trois heures. S’il avait passé cette ligne juste après, la course aurait duré un tour de moins. Charles Leclerc ne se serait pas raté dans ce dernier tour qui n’aurait pas existé, il aurait donc terminé deuxième, et Max Verstappen n’aurait pas été champion! Un titre qui n’a tenu qu’à un fil… de 4 secondes.

Gasly furieux

Au moment de ce fameux premier tour, c’est l’Alpha Tauri de Pierre Gasly qui a «ramassé» le panneau publicitaire arraché par la sortie de Carlos Sainz. Après s’être arrêté aux stands pour faire changer son aileron avant, le Français est reparti à fond pour rattraper le peloton.

En passant à l’endroit où la Ferrari était sortie, toujours sous une forte pluie, Pierre Gasly est passé tout près d’une grue qui se dirigeait vers l’épave de la Ferrari. Une frayeur qui rappelait l’accident de Jules Bianchi, sur ce même circuit, en 2014, lorsque le jeune Français avait justement mortellement heurté une grue. «C’est inacceptable», hurlait Pierre Gasly pendant l’interruption de course en s’agitant dans tous les sens et en allant se plaindre à la direction de course.

Pierre Gasly était pourtant en tort: la course était neutralisée derrière la voiture de sécurité, et elle était même déjà stoppée au drapeau rouge au moment des faits. Pierre Gasly n’aurait donc jamais dû rouler aussi vite à cet instant précis. Les commissaires du Grand Prix ont même décidé de mener une enquête pour savoir s’il n’avait pas roulé dangereusement dans les conditions de voiture de sécurité et de drapeau rouge qui prévalaient.

Plusieurs heures après l’arrivée, ils l’ont condamné à 20 secondes de pénalité, ajoutées à son chrono. Le Français était 17e et avant-dernier, voilà qui n’aura pas changé grand-chose. Mais il aurait été mieux inspiré de réfléchir avant d’aller hurler sa colère à la direction de course.

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