Caraïbes: Washington renforce son aide humanitaire et sécuritaire en Haïti

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CaraïbesWashington renforce son aide humanitaire et sécuritaire en Haïti

Les États-Unis examinent la possibilité de participer à une force de stabilisation internationale réclamée par le gouvernement haïtien.

Depuis qu’Haïti a annoncé en septembre une hausse du prix de l’essence, le pays a connu des émeutes, des pillages et des manifestations contre le premier ministre Ariel Henry.

Depuis qu’Haïti a annoncé en septembre une hausse du prix de l’essence, le pays a connu des émeutes, des pillages et des manifestations contre le premier ministre Ariel Henry.

AFP

Face à l’urgence, les États-Unis se sont déclarés mercredi prêts à renforcer leur aide humanitaire et sécuritaire en Haïti, pays pauvre des Caraïbes gangrené par les bandes criminelles, mais restent réservés sur l’envoi de troupes au sol.

De hauts responsables américains se sont rendus à Port-au-Prince pour des entretiens mercredi et jeudi avec les autorités haïtiennes et des membres de la société civile. Le secrétaire d’État adjoint chargé de l’hémisphère ouest, Brian Nichols, conduit la délégation américaine, accompagné de responsables du Commandement sud de l’armée américaine et d’autres agences fédérales, selon le département d’État.

Le gouvernement américain a par ailleurs annoncé mercredi imposer des restrictions de visa à l’encontre de responsables haïtiens accusés de protéger ou financer les gangs, et indiqué travailler de concert avec le Mexique sur une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à imposer de nouvelles sanctions.

Sous quelle forme?

La situation en Haïti, pays tourmenté par des années d’instabilité politique, gangrené par les bandes criminelles et frappé désormais du choléra, «ne peut plus durer», reconnait-on à Washington, qui s’active pour accélérer l’envoi d’aide humanitaire cruciale et examine la possibilité de participer à une force de stabilisation internationale.

Sous quelle forme, avec quel mandat et avec qui? Autant de questions sans réponses pour l’instant. Le gouvernement haïtien a officialisé la semaine dernière sa demande à la communauté internationale d’envoi d’une «force spécialisée armée» afin de «stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire» provoquée par l’action des gangs.

Et dimanche dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a «exhorté la communauté internationale (…) à examiner en urgence» cette demande, parlant d’une crise «dramatique» qui se joue en Haïti.

Choléra

Washington dit «examiner la requête du gouvernement haïtien, en coordination avec nos partenaires internationaux» et «explorer un certain nombre d’options», selon le porte-parole du département d’État, Ned Price, mercredi.

Un responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat a assuré que les États-Unis fourniraient «un soutien robuste» à tout ce que déciderait le Conseil de sécurité de l’ONU, qui doit se réunir au sujet de Haïti le 21 octobre.

Mais, a-t-il ajouté, «je crois qu’il est prématuré de parler d’une présence sécuritaire américaine» sur le terrain, en reconnaissant que les États-Unis «avançaient prudemment» à ce sujet, conscients du lourd passif hérité d’interventions militaires passées. Des responsables écartaient cependant, en privé, l’idée que les États-Unis puissent diriger une telle force.

31 décès

En attendant, le gouvernement américain a dépêché à la demande de Haïti un navire des gardes-côtes au large de Port-au-Prince et cherche à accélérer l’envoi d’aide humanitaire supplémentaire, y compris pour aider le pays à faire face au choléra, trois ans après la fin d’une épidémie qui avait fait plus de 10’000 morts. Il s’agit de fournir de l’eau de javel, des kits de santé et des bidons d’eau, a précisé une responsable.

Selon les derniers chiffres officiels de l’ONU en date du 11 octobre, 31 personnes sont décédées du choléra, 45 cas ont été confirmés et 422 cas sont suspects. Le manque de carburants est aussi un problème clé, alors que des bandes criminelles ont pris le contrôle d’infrastructures stratégiques dont le principal terminal de carburant du pays, à Varreux.

Depuis qu’Haïti a annoncé en septembre une hausse du prix de l’essence, le pays a connu des émeutes, des pillages et des manifestations contre le premier ministre Ariel Henry. Lundi, des milliers d’Haïtiens ont manifesté à Port-au-Prince pour protester contre le gouvernement et son appel à l’aide étrangère.

L’aide américaine vise également à renforcer la police nationale haïtienne, créée en 1995 sous le président Jean-Bertrand Aristide mais qui est débordée depuis des années, a-t-on indiqué de source américaine. Depuis le début de l’année, les États-Unis ont fourni 90 millions de dollars pour la police nationale et 171 millions de dollars en aide humanitaire.

(AFP)

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