FootballYverdon Sport, le droit au répit
Les Verts ont couru dans tous les sens à l’été et se sont cherché une bonne partie de l’automne. À la clef, des louanges, le maintien en poche et la tranquillité. Le président Mario Di Pietrantonio savoure.
- par
- Florian Vaney
«Les engins pyrotechniques utilisés par nos fans? Attendez, vous voulez que je me plaigne qu’il y ait de l’ambiance et de la ferveur au Stade municipal? Ce sera sans moi.» Mario Di Pietrantonio a passé une soirée magnifique vendredi. À tous les points de vue. Des chants lancés par les désormais trois groupes de supporters yverdonnois derrière les buts à la prestation toute en maîtrise de ses joueurs (victoire 2-0 contre Kriens). Yverdon Sport est bercé par la tranquillité, sa bonne humeur se ressent à tous les coins de l’enceinte nord-vaudoise.
Si le bonheur se savoure au présent, le président d’YS ne manque pas d’apprécier le sien, aussi, à l’aune des choix qu’il a opérés en début de saison. On parle de cet effectif chamboulé malgré la promotion en Challenge League, de la séparation de certaines cadres, du limogeage de Jean-Michel Aeby après seulement trois matches. «Aujourd’hui je peux en avoir le cœur net, c’était ce qu’il fallait faire. J’ai tout entendu, mais les résultats prouvent qu’on a pris la bonne direction.»
À l’heure qu’il est, le boss du club n’est pas loin d’ériger une statue à Uli Forte, coach d’une reprise en main aussi salutaire qu’impressionnante. De là à extrapoler un peu et à se demander si Yverdon ne serait pas tout en haut du classement si Uli Forte en avait été l’entraîneur depuis le départ? «Je crois que le fait d’avoir touché le fond est à l’origine de tout ce qu’on a vécu cet automne», contre «MdP». Au fond, peu importe.
La stabilité, gage d’avenir
Yverdon se trouve là où on ne l’attendait pas. La stabilité de ses résultats lui vaut des louanges, mais pas autant que celle des hommes qui font la différence sur le terrain. Il y a constance lorsqu’on parle d’un William Le Pogam, d’un Sead Hajorvic ou d’un Christian Zock, excellents dans leur capacité à enchaîner les performances remarquables. Mais il y a également constance quand il est question de Breston Malula, Lewin Blum ou Mischa Eberhard, linéaires dans leur progression et aujourd’hui indispensables au succès des Verts. Le genre de constat qui pousse à croire que tout ne s’écroulera pas en un claquement de doigts.
Cela n’aurait pas fonctionné qu’on serait en train de parler d’un manque de prise de risque dans le jeu, de carences mal cernées et compensées par les transferts, de seconds couteaux plus à la page et de jeunes trop tendres et mal entourés. Sauf qu’Yverdon Sport a choisi la voie du succès. Un succès qui met en lumière un projet sportif dont on peine à voir les failles. D’ailleurs, Mario Di Pietrantonio aussi, au moment où il assure «ne rien vouloir changer durant l’hiver. Peut-être faire venir un ou deux jeunes, c’est tout. Quand j’observe le match qu’on réalise contre Kriens, je ne vois vraiment pas ce dont on manque». Ce qui n’empêchera pas les discussions dans les prochains jours, notamment avec Marco Degennaro, un manager général jusqu’ici parfait dans son rôle.
Le sentiment de sécurité est palpable. Il découle définitivement du mérite d’Uli Forte. L’ancien technicien d’YB, Zurich et GC le rappelle dès qu’il en a l’occasion: bien avant de s’être attelé à bâtir la solidité défensive à la base des résultats de ces derniers mois, il a d’abord cherché un lien de confiance avec chacun de ses joueurs. Le discours est simple: «Une saison est longue, on aura besoin de tout le monde.» Parfois, ce sont les mots les plus évidents qui touchent le mieux leur cible. À la moitié du chemin, Uli Forte dispose d’une vingtaine de joueurs en mesure d’apporter quelque chose au groupe une fois sur le terrain. C’est très fort.
Si cela doit ouvrir des perspectives qu’on imagine interdites à un néo-promu au printemps? «On n’est qu’à six points du 2e, non?» glisse Mario Di Pietrantonio. La réponse la plus claire viendra lorsqu’on saura si, oui ou non, YS dépose une demande de licence pour évoluer dans l’élite. Reste qu’après un été à courir dans tous les sens et un automne à se chercher, Yverdon s’est offert un hiver tranquille, les mines apaisées et le maintien en poche.