Tennis – Timea Bacsinszky comprend la décision d’Ashleigh Barty

L’Australienne Ashleigh Barty, No 1 mondiale, a secoué la planète tennis en annonçant ce mercredi, à l’âge de 25 ans, qu’elle choisissait de mettre un terme à sa carrière. Or, c’est à peu près au même âge que la Vaudoise Timea Bacsinszky avait mis la sienne entre parenthèses, avant de revenir encore plus forte (deux demi-finales à Roland-Garros, en 2015 et 2017, une médaille d’argent en double avec Martina Hingis aux Jeux de Rio 2016). L’occasion était belle de demander à celle qui fut No 9 mondiale (en mai 2016), officiellement retraitée des courts depuis juillet dernier, ce qu’elle pensait de cette soudaine décision de la joueuse australienne.

Timea, peut-on dire que la décision d’Ashleigh Barty rappelle furieusement votre interruption de carrière en 2012?

A la différence près que moi, à l’époque, je n’ai jamais affirmé que je mettais un terme à ma carrière. Et puis, n’oublions pas que, plus jeune, Ashleigh a aussi pris du recul avec le tennis pour faire beaucoup de cricket. Elle était revenue encore plus forte. En cela, oui, on peut tirer un parallèle. Sauf que moi, je n’ai jamais été No 1 mondiale! (rires)

Que vous inspire cette annonce, parfaitement inattendue?

Chaque vie, chaque carrière est unique. Chacun, ou chacune, vivra les émotions d’une carrière, ses contraintes aussi, d’une manière qui lui appartient. Tout le monde ne dira pas stop au même moment. Et puis, vous savez, des arrêts de carrière, il y en a toute l’année, mais ils ne sont pas forcément médiatisés parce qu’ils concernent des joueurs ou joueuses qui sont inconnus du grand public. Là, bien sûr, il y a plus d’impact, puisque l’on parle de la meilleure joueuse du monde actuelle.

Donc, vous comprenez le choix d’Ashleigh Barty?

Tout à fait. J’ai lu pas mal de choses depuis que la nouvelle est tombée, j’ai aussi regardé l’interview qu’Ashleigh a accordée à son amie (ndlr: et ancienne partenaire de double) Casey Dellacqua pour faire son annonce. Je l’ai trouvée très sereine, en parfait accord avec elle-même. Et cela ne m’étonne pas d’Ashleigh. C’est une fille que j’ai toujours appréciée, et je ne peux que la féliciter pour sa sincérité. Je l’ai sentie tout à fait en phase avec sa position.

Reconnaissez tout de même que c’était inattendu…

Oui, bien sûr. Mais vous savez, la plupart des gens ne voient que le côté glamour des choses, les titres, les grands stades, le public, la gloire et les chèques qui accompagnent les grandes victoires. Mais ils ne voient pas le revers de la médaille, les heures passées à s’entraîner, les moments de solitude dans sa chambre d’hôtel, à attendre le début d’un match et à stresser. En plus, Ashleigh est Australienne…

C’est-à-dire?

Eh bien quand un joueur européen joue sur son continent, il n’est jamais très loin de sa famille ou de ses proches, et il a toujours la possibilité de rentrer chez lui assez vite. Un Australien, lui, quitte son pays et ses proches pour de longs mois consécutifs. Je comprends donc qu’Ashleigh ait pu en avoir marre. En plus, elle a atteint, voire dépassé, tous les objectifs qu’elle s’était fixés. Elle rêvait de Wimbledon? Elle a gagné Wimbledon. Elle a encore ajouté l’Open d’Australie à son palmarès, entrant dans l’histoire du sport de son pays. Et elle a occupé la place de No 1 mondiale pendant une période incroyablement longue (ndlr: pendant près de trois ans de suite depuis juin 2019). Franchement, que pourrait-elle demander de plus?

La voyez-vous effectuer un deuxième come-back?

Vous savez, Ashleigh est une polysportive. Elle pratique le cricket, elle fait du golf aussi. Il ne m’étonnerait pas que d’ici à quelques années, elle soit No 1 mondiale dans une de ces deux disciplines! (rires) Et si ce jour-là arrive, tout le monde oubliera qu’elle a choisi d’arrêter le tennis à 25 ans.

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