CommentaireLe vrai faux départ de Mauro Poggia
Le ministre genevois est candidat au deuxième tour en 2023, candidat au Grand Conseil et se tâte pour le Conseil des États. Une bien sinueuse stratégie.
- par
- Eric Felley
Servir et disparaître? Sûrement pas. C’est une étrange façon d’annoncer son départ d’une fonction. Depuis neuf ans au Conseil d’État genevois, Mauro Poggia a fait savoir d’abord qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2023. À 63 ans, le devoir accompli, il reprendrait sa profession d’avocat. Mais, surprise, il serait de retour au second tour de l’élection au Conseil d’État d’avril prochain, si son parti le MCG obtenait 20% de sièges au Grand Conseil.
Stratégie inédite
La stratégie est inédite. Mauro Poggia lance un message à l’électorat genevois: si vous voulez que je reste, alors votez pour le MCG! D’ailleurs, il se porte lui-même candidat au Grand Conseil pour «tirer le char» selon son expression. Mais ce n’est pas tout, Mauro Poggia, qui a siégé au Conseil national à Berne, se lancerait bien à la Chambre des Cantons en octobre prochain. Là, il viserait le ticket sortant de la gauche, Carlo Sommaruga et Lisa Mazzone, qui viennent d’annoncer qu’ils repartaient pour un tour.
Pour battre les deux sortants, Mauro Poggia devrait alors figurer comme le champion de la droite et convaincre le Centre, le PLR et l’UDC de le soutenir. Mission qui s’annonce extrêmement délicate. En annonçant son départ du Gouvernement, Mauro Poggia annonce en fait qu’il est quand même candidat sous condition, qu’il vise le Grand Conseil et plus loin le Conseil des États. Servir et rebondir… Mais en courant tant de lièvres à la fois, il pourrait aussi finir bredouille.