BienneDémission fracassante de la directrice des finances
«Le gouvernement ne fait plus de politique à Bienne», dénonce la démissionnaire Silvia Steidle, ancienne porte-parole du conseiller fédéral Ueli Maurer.
- par
- Vincent Donzé
Ancienne porte-parole du conseiller fédéral Ueli Maurer devenue directrice des finances de Bienne, Silvia Steidle mettra un terme à son mandat le 31 décembre prochain, une décision qui intervient deux semaines après le rejet par le peuple du budget 2023. Ce départ est une perte: en présidant la Conférences des directrices et des directeurs des finances des villes, Silvia Steidle a placé Bienne au centre des discussions nationales en matière fiscale.
L’élue du Parti radical romand a informé son parti ce matin. Ses mots sont durs: «Je ne peux plus réaliser la mission pour laquelle j’ai été élue au sein de ce gouvernement». lematin.ch s’est entretenu avec elle:
En démissionnant, suivez-vous l’exemple de votre ancien patron, Ueli Maurer?
Oui, dans le sens où il a dit ne plus éprouver de plaisir… Je veux être une politicienne, pas une comptable, alors que ma fonction de conseillère municipale revient à n’être qu’une secrétaire du Parlement.
Partez-vous fâchée?
Entre une sous-commission et une super-commission, l’Exécutif ne décide plus rien. Il n’y plus de guide, quelqu’un qui tiendrait gouvernail. On ne gouverne plus, on se perd en discussions techniques quand il s’agit d’établir un budget. Prenez le Règlement de la Ville: le Parlement s’en est saisi et il l’enlise. Les débâcles se succèdent à Bienne: Tissot Arena, Agglolac…
Êtes-vous remontée contre vos collègues?
Que voulez-vous: c’est devenu ce que c’est devenu, avec de la technicité dans chaque projet. Avec le budget refusé, on le reprend et on recommence pareil. J’ignore où va le navire: il n’y a pas de capitaine.
Pourquoi avoir mis 14 ans à comprendre?
Je n’ai pas mis 14 ans à comprendre, c’est la politique qui a changé! L’ancien maire Hans Stöckli (ndlr.: devenu conseiller aux États bernois en 2011) amenait une vision: avec son style dominant, il nous bousculait tout en cherchant des investisseurs. Depuis son départ, on ne fait que pousser les projets d’avant. Au niveau des idées, on s’est arrêté en tout! Il n’y a aucun plan.
Votre constat est-il valable de droite à gauche?
Ce n’est pas une question de partis: je suis la politicienne la plus panachée des élections municipales biennoises. Ma politique était soutenue du PLR au PS, de l’UDC aux Verts. Il s’agit de comprendre les nouveaux enjeux, et vite: la jeunesse est perdue. Tous les partis gouvernementaux devraient se demander qui est le chef.
Que ferez-vous?
En travaillant à 1000%, je n’ai pas eu le temps de regarder les offres d’emploi… Mais depuis ce matin, je reçois des SMS indiquant que mon nom circule pour des postes.
Pourquoi étiez-vous absente pendant deux mois l’été dernier?
Mon départ n’est pas un coup de tête: la fatigue s’accumule quand on pédale sans atteindre les objectifs.