Rolling Stones: que vaut leur dernier album «Hackney Diamonds»?

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CritiqueRolling Stones: que vaut leur dernier album «Hackney Diamonds»?

Le groupe britannique sort ce 20 octobre un disque de 12 morceaux composés par Mick Jagger et Keith Richards. On y retrouve Elton John, Lady Gaga ou encore Paul McCartney.

(De. g. à dr.) Ronnie Wood, Mick Jagger et Keith Richard du groupe Rolling Stones.

(De. g. à dr.) Ronnie Wood, Mick Jagger et Keith Richard du groupe Rolling Stones.

IMAGO/Matrix

les Rolling Stones publient vendredi 20 octobre «Hackney Diamonds», l’album le plus cohérent depuis 45 ans, avec un casting de stars – Lady Gaga, Paul McCartney, Elton John, Stevie Wonder -, entre bonnes surprises et jokers promotionnels.

À quand remonte le dernier album honnête de ce groupe mythique né il y a 61 ans? Il faut revenir à 1978 et «Some Girls», avec le classique «Beast Of Burden». «Depuis «Some Girls», les Stones avaient sorti des disques un peu rapidement», acquiesce auprès de l’AFP Philippe Manœuvre, critique rock français, grand connaisseur de la formation anglaise.

Paul McCartney joue de la basse

«Hackney Diamonds» («Bris de verre» en argot anglais), 24e album studio, le premier avec des chansons originales depuis 18 ans, n’atteint toutefois pas les sommets de «Beggars Banquet» (1968), «Let it Bleed» (1969) ou «Exile On Main St». (1972). Mais le disque vaut mieux que son premier single sorti, «Angry», concentré des gimmicks des Stones qu’une intelligence artificielle aurait pu concocter.

Et petit événement, Paul McCartney, pilier des Beatles, joue pour la première fois de la basse avec les Stones sur «Bite My Head Off». «Macca» plaque des accords rugueux sur ce morceau présenté un peu vite par Mick Jagger comme «punk» dans le journal télévisé français de France 2.

La prétendue rivalité Stones-Beatles – beau coup marketing – n’a jamais réellement existé. Paul McCartney et John Lennon assurent ainsi les choeurs sur le titre «We Love You» des Stones en 1967. «Paul et moi avons toujours été amis», redit Jagger, 80 ans, sur France 2. «Hey, si tu peux avoir un des Beatles sur ton titre, tu sais, tu dois le faire», confie Keith Richards, 79 ans, dans le journal britannique «The Telegraph». Et d’ajouter: «On a toujours été de grands amis».

Le deuxième cercle

L’apport de McCartney s’entend, tout comme la voix de Lady Gaga sur «Sweet Sounds Of Heaven», d’inspiration gospel. Même s’il ne faut pas céder aux comparaisons hâtives avec la chanteuse soul Merry Clayton illuminant le morceau-joyau «Gimme Shelter» en 1969.

Mais la présence sur «Sweet Sounds Of Heaven» de Stevie Wonder aux claviers laisse dubitatif, tout comme Elton John au piano sur «Get Close» (on y entend plus le saxophoniste James King, musicien moins connu). Le toucher de Sir Elton est plus audible sur «Live By The Sword».

Pourquoi des superstars comme Jagger et Richards, leaders des Stones, ont-ils convié d’autres célébrités? Pour Philippe Manœuvre, c’est une façon de renouer avec cette «coterie de musiciens présents sur les grands albums des Stones, qu’on appelait le deuxième cercle, comme Gram Parsons des Byrds sur «Exile On Main St.».

«Portrait de Charlie»

On décèle aussi la patte du producteur Andrew Watt (Justin Bieber, Dua Lipa, etc.), qui convoqua pour le dernier album d’Iggy Pop («Every Loser») des noms ronflants comme Duff McKagan (Guns N' Roses) ou Chad Smith (Red Hot Chili Peppers).

Joué par les seuls Jagger et Richards, «Rolling Stone Blues», qui clôt l’album, reprise de «Rollin' Stone» (1950) de Muddy Waters, convainc plus. Comme un retour aux origines, quand ces apprentis musiciens composaient à deux dans la cuisine de leur premier appartement londonien déglingué au 102 Edith Grove.

Pincement au coeur pour les fans: sur «Mess It Up» et «Live By The Sword», titres écrits en 2019, il y a derrière les fûts Charlie Watts, batteur historique des Stones disparu en 2021 à 80 ans. Sur les autres parties de batterie, c’est Steve Jordan, remplaçant du dandy flegmatique en tournée. «Quand je sors de ma chambre, la première chose que je vois, c’est un portrait de Charlie dans ma cage d’escalier, je le salue toujours en chemin», a révélé Richards dans «The Howard Stern Show» aux États-Unis.

Quelle que soit la réception de cet album, la longévité des Stones les inscrit dans l’Histoire. «Depuis que je suis petit, je vis dans un monde où il y a le soleil, la lune et les Stones», conclut Philippe Manœuvre.

(F.D.A. & AFP)

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