Italie: le gouvernement freine sur les prestations sociales

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Italie«Le gouvernement condamne les jeunes à la précarité à vie»

L’exécutif italien a supprimé lundi une aide bénéficiant à des millions de personnes pauvres et l’a remplacée par une allocation au périmètre plus limité. Opposition et syndicats sont outrés.

Des milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays lundi, comme ici à Turin.

Des milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays lundi, comme ici à Turin.

AFP

Le gouvernement italien freine sur les amortisseurs sociaux. Lundi, il a supprimé le «revenu de citoyenneté», une aide bénéficiant à des millions de personnes pauvres. Il est remplacé par un «chèque d’inclusion» au périmètre plus limité. L’exécutif ultra-conservateur dirigé par Giorgia Meloni a aussi voté un assouplissement des embauches en contrat à durée déterminée. Il a également validé l’exonération des cotisations patronales pendant un an pour les entreprises recrutant un allocataire du «chèque d’inclusion» en contrat à durée indéterminée ou en tant qu’apprenti.

L’objectif affiché est de stimuler l’emploi et d’inciter les jeunes à trouver du travail. Pour ses défenseurs, le «revenu de citoyenneté» est un amortisseur social qui a fait ses preuves dans les régions du Sud frappées par la précarité. Pour le gouvernement, il est onéreux (8 milliards d’euros en 2022) et maintient ses allocataires hors de la vie active. Les services de Giorgia Meloni n’ont pas publié le texte définitif mais ses grandes lignes ont fuité dans la presse.

Réservé aux familles

Dès le 1er janvier 2024, «le revenu de citoyenneté» sera remplacé par un «chèque d’inclusion» pour un coût de 5,4 milliards d’euros par an. Alors que le «revenu de citoyenneté» était destiné à toute personne justifiant de revenus très modestes, le «chèque d’inclusion» sera réservé aux familles composées de personnes présentant un handicap, de mineurs ou de plus de 60 ans. «Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas», a justifié Meloni.

Le gouvernement a en outre annoncé la mise en place d’un «instrument d’accès à l’activité» professionnelle: pour les personnes aptes à l’emploi, la participation à des formations ou des «projets utiles à la collectivité» devient obligatoire à partir de septembre, moyennant une indemnité de 350 euros par mois maximum pendant un an. Le coût pour l’État est estimé à 2,1 milliards d’euros en 2024.

«Provocation»

Opposition et syndicats ont vertement critiqué le gouvernement pour avoir convoqué un Conseil des ministres sur ces sujets précisément un 1er mai, «une provocation», selon l’ancien président de la Chambre des députés Roberto Fico. «Un gouvernement sérieux ne se réunit par le 1er mai pour condamner les jeunes à la précarité à vie, annihilant leur rêve d’avoir un logement et des enfants. Il se réunit pour introduire un salaire minimum légal», a de son côté condamné l’ancien Premier ministre Cinq Étoiles Giuseppe Conte.

Pour le journal «La Repubblica», en «rompant avec le calendrier séculaire de la gauche, Giorgia Meloni a voulu démythifier, désacraliser le 1er mai» et «contester aux syndicats l’hégémonie sociale sur le monde du travail». Meloni a, elle, défendu dans un communiqué «au contraire un beau signal et un privilège d’honorer les travailleurs en ce jour de fête et d’apporter les réponses qu’ils attendent».

Des milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays lundi, de Turin à Rome, où des œufs ont été lancés sur un édifice gouvernemental, tandis que la principale manifestation des grandes confédérations syndicales italiennes (Cgil, Cisl, Uil) s’est tenue à Potenza (Sud).

(AFP)

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