PandémieÉcoles, frontières, EMS: les regrets de «Monsieur Coronavirus»
Trois ans après le semi-confinement, Daniel Koch estime que la Suisse a souvent dû imiter ses voisins.
- par
- R.M.
Il y a trois ans, le 16 mars 2020, le Conseil fédéral décidait que la Suisse se trouvait en «situation extraordinaire» sur le front de la pandémie et le semi-confinement était décrété, avec de très nombreuses fermetures. Puis Daniel Koch devenait peu à peu «Monsieur Coronavirus», incarnant le visage de la lutte contre le Covid. Avec le recul, l’ancien chef de la division des maladies transmissibles de l’Office fédéral de la santé publique semble avoir bon nombre de regrets. Et estime que la marge de manœuvre de la Suisse était en fait faible, et qu’elle devait souvent s’aligner sur ses voisins.
Interviewé par le «Tages-Anzeiger», Monsieur Coronavirus pense que la fermeture des EMS était une erreur. «Nous avons trop restreint les droits fondamentaux des résidents et laissé trop à eux-mêmes les responsables des foyers», commente-t-il.
Avec le recul, Daniel Koch pense aussi que les fermetures des frontières n’ont servi à rien, puisque les marchandises – «Dieu merci!» précise-t-il – continuaient à circuler. «La fermeture des frontières nationales n’a pratiquement rien donné», tranche-t-il.
Mesure «drastique» pas nécessaire
Il se montre également critique sur les fermetures des écoles, mais pense que la Suisse n’avait pas vraiment le choix et a agi sous «la pression des voisins». «En fait, nous voulions garder les écoles ouvertes. Mais lorsque la France les a fermées, il est vite devenu clair que nous devions suivre le mouvement. À cause aussi de la Suisse romande, qui ne l’aurait pas compris si nous avions maintenu un fonctionnement scolaire normal», explique le spécialiste.
En la matière, il refuse de parler d’«erreur». Mais d’«une mesure drastique qui n’aurait pas été absolument nécessaire d’un point de vue purement épidémiologique».
Sur le fond, Daniel Koch juge que lors d’une pandémie, la marge de manœuvre des pays est limitée. «C’est une illusion de croire que l’on peut prendre des décisions en toute indépendance dans une telle situation», raconte-t-il.
Monsieur Coronavirus pense même que toute la planète a été influencée par la Chine. «Je me demande comment l’Europe aurait réagi si le Covid-19 n’avait pas éclaté en Chine mais aux États-Unis. Peut-être que les confinements n’auraient pas existé sous cette forme. La Chine a donné le ton. Dans une telle situation, on a tendance à imiter ce que les autres ont fait», conclut-il.